[Couplet unique]Encore une prise de bec avec ma mĂšre, j'fais le sourd, claque la portePour oublier j'ricane avec mes potes en tapissant un blocLe visage plongĂ© dans les Ă©toiles, noyĂ© dans ma gambergeJ'cherche une Ăźle, une berge, ou au moins un bout d'boisJ'me sens, comme une bouteille Ă la merJ'vais oĂč l'flot de la vie m'mĂšne, loin de tout, mĂȘme de ma mĂšreLa vie m'a offert la solitude de RobinsonJ'voudrais repeindre ma vie, mais je n'trouve pas le bon pinceauCertains ont fait le grand saut, mariĂ©s, des enfantsNous lĂąchent leurs discours de rĂ©ussite, leur vie est mieux qu'avantC'est ce qu'ils nous disent, j'vois d'la lassitude dans leur regardMais eux au moins ont essayĂ© d'sortir de leur brancardMoi, j'ai l'impression d'avoir ratĂ© des tas de trainsPourtant je n'ai jamais quittĂ© l'quai, la preuve les jeunes me squattent, ça craintLe temps a soufflĂ© sur ma vingt-cinquiĂšme bougieJ'en suis mĂȘme pas sĂ»r, j'suis toujours dans le mĂȘme logisDans la mĂȘme logique, le piano des Feux de l'Amour pour m'rĂ©veillerLa petite sĆur pour m'faire Ă graillerBrailler, j'l'ai fait pour un rienPour m'calmer j'rappe, d'autres roulent, voilĂ nos deux moyens aĂ©riensUne femme, des fois j'me dis que c'est la plus grosse arnaque d'la vie d'un hommeCertains disent qu'une d'elle un jour viendra un jour Ă©clairer mon ombreJ'espĂšre le voir d'cet anglePour l'instant les couteaux qu'j'ai sur mes omoplates ont des traces de rouge Ă onglesMais bon la vie faut la vivre, donc j'la visFuis les vitres brisĂ©es d'mon existence, continue navigueMĂȘme dans l'vide, j'vire Ă tribordPrends la fuite, Ă travers mes lignes te dĂ©cris mes ridesMe construit un mythe, oblige, j'sens qu'mon pouls ralentitFaut qu'j'laisse une trace d'un mec honnĂȘte ou d'un gros banditRien Ă foutre, faut qu'j'prouve que j'ai Ă©tĂ© vivantSi tu penses que j'dois voir un psy, dis-toi qu'j'n'ai qu'le rap comme divanM'man la marĂ©e est haute, et j'me laisse emporter par les vaguesElles sont trop fortes, j'voudrais t'dire que j't'aime mais j'ai trop le tracMarque mon front de ton sourireS'il te plait oublie toutes les fois oĂč j't'ai fait souffrirJ'sais qu'l'effort est une force que j'maitrise peuEt j'sais aussi qu'c'est le parapluie qu'il faut quand sur tes joues il pleutMais dans ma tĂȘte j'entends des coups de flingue incessantsUn braconnier a laissĂ© des plumes de colombe, plein de sangJ'voulais apprendre Ă donner, j'ai appris Ă tout mangerApprendre Ă pardonner, j'ai appris Ă me vengerJ'voulais apprendre Ă aimer, j'ai appris Ă haĂŻrJ'ne voulais pas ramer, j'l'ai fait, avec un gros navireJ'ai voulu Ă©viter la pluie, j'l'ai affrontĂ© en t-shirtJ'la voulais pour la vie, j'ne l'ai eu que pour un flirtJ'me sens, comme une bouteille Ă la merNoyĂ© dans les vagues de la mĂ©lancolie d'la vieComme une bouteille Ă la mer, j'me sens...[Pont ad libitum]Comme une bouteille Ă la mer, comme une bouteille Ă la merJ'me sens comme une bouteille Ă la mer, j'me sens comme une bouteille Ă la merJ'me sens comme une bouteille Ă la mer, comme une bouteille Ă la merJ'me sens comme une bouteille Ă la mer, j'me sens comme une bouteille Ă la merComme une bouteille Ă la mer, j'me sens comme une bouteille Ă la merComme une bouteille Ă la mer, j'me sens, j'me sens comme une bouteille Ă la mer[Outro]SOSComme une bouteille Ă la mer, Ă la recherche d'une ville d'un navireQu'on puisse me repĂȘcher et lireCe qu'il y a dans mon cĆur, ce qu'il y a en moiComme une bouteille Ă la mer, comme une bouteille Ă la mer j'me sens...J'me sens comme une bouteille Ă la merComme une bouteille Ă la mer, j'me sensHow to Format LyricsType out all lyrics, even repeating song parts like the chorusLyrics should be broken down into individual linesUse section headers above different song parts like [Verse], [Chorus], italics lyric and bold lyric to distinguish between different vocalists in the same song partIf you donât understand a lyric, use [?]To learn more, check out our transcription guide or visit our transcribers forumAboutSolo de Soprano sur l'album des Psy 4 âEnfants de la Luneâ Soprano y exprime son dĂ©sespoir Ă travers l'image de la bouteille Ă la mer un cri de dĂ©tresse, mais aussi le fait de livrer son destin au hasard, de se laisser balloter par le courant. Ask us a question about this song6. Comme une bouteille Ă la merCreditsRelease DateSeptember 27, 2005Tags
unmec avec de superbe parole. Signaler. Vidéos à découvrir. Vidéos à découvrir. à suivre. 4:47. Soprano - Comme une bouteille a la mer. Benoit. 3:36. soprano comme une
Le quotidien me creuse les joues j'essaie d'Ă©vacuer son stressDe ma vie j'enlĂšve des jours, Ă force de me dĂ©truire sans cesseQuand les soirĂ©es durent plus d'un jour des drogues plus dĂ»res que mes parolesTu veux savoir Ă quoi on joue ? Et bah demande ça Ă l'espagnolAujourd'hui j'me suis calmĂ© j'mets juste de l'alcool dans mes verresJ'te jure qu'ils prendraient peur si ils savaient c'que j'ai mis dans mes veinesEn parlant de veine j'sais que j'en ai eu, d'ailleurs si tu veux j'peux dĂ©taillerParce-qu'il y en a qui en ont tellement pas qu'ils ont fini par se les taillerMes rhos s'Ă©garent ils rĂȘvent de go et d'gros cigares mais l'portefeuille ne grossit guĂšreLes portes se ferment trop d'soucis gars mais faut s'y faireSous mes airs j'suis pas si fier, l'ĂȘtre humain, faut pas s'y fierJ'prends les bouteilles pour des gonzesses, Ă force de les sifflerT'apprĂ©cies frĂšre car c'est si vrai, aprĂšs 6 verres j'suis lessivĂ©J'Ă©cris ces vers pour le CD car ma mixtape c'est mon CVEt j'accĂ©lĂšre car quand c'est rouge pour moi c'est vertJ'Ă©cris des vers quand je vois rougePas de lumiĂšre quand j'broie du noir bah j'bois du rougeAvec l'amour j'crois bien que j'ai coupĂ© les pontsDans la vie j'dois faire des choix et j'suis pas trĂšs sĂ»r de faire les bonsOn a tous le cĆur qui saigne, on veut que ça s'arrĂȘte c'est Ă©videntMais la douleur c'est notre moteur car elle nous montre qu'on est vivantEt si l'amour est un film bah j'dois t'avouer que j'ai pas l'scĂ©nar'La vie est une longue course j'veux pas finir comme Ayrton SennaDonc console-moi ou conseille-moi, peut-ĂȘtre qu'on s'aime mais on s'Ă©loigneDemain c'est loin, dans mon cĆur c'est l'waĂŻ et dans l'alcool c'est noyĂ©Donc j'bois la tasse, peur d'avancer donc j'fais la plancheEt autour de moi y'a qu'des raskass, des requins pas des plongeursLe poids de mes pĂȘchers va tĂŽt ou tard me coĂ»ter cherCar dans mon ocĂ©an y'a que des cadavres Ă repĂȘcherEt puis j'ai beau chercher j'vois pas de terre Ă l'horizonT'imagines pas comme j'peux chialer devant l'innocence d'un nourrissonParce que des gamins mangent des pierres pendant que d'autres graillent du caviarParce que sur Terre on s'sent bien seul, alors qu'on est des milliardsHow to Format LyricsType out all lyrics, even repeating song parts like the chorusLyrics should be broken down into individual linesUse section headers above different song parts like [Verse], [Chorus], italics lyric and bold lyric to distinguish between different vocalists in the same song partIf you donât understand a lyric, use [?]To learn more, check out our transcription guide or visit our transcribers forum
Cest bien mieux comme ca Tourbillon Soprano A la bien Comme une bouteille Ă la mer Ferme Les Yeux Halla Halla Inaya MĂ©lancolique anonyme Parle moi Puis Quâil Faut Vivre Stanislas La Belle de Mai Star Academy Adieu Monsieur le professeur Stephan Eicher 1000 vies Stress Dur Dur d'etre Billy On n'a qu'une terre Rail de musique Te quiero
A la fin de Conversation en Sicile, la simple prĂ©sence dâune voix-off souhaite au roman dâĂȘtre retrouvĂ© dans une bouteille Ă la mer et indique Ă la maniĂšre dâAdorno, le modĂšle de la seule communication » utile pour nous aujourdâhui Ă contretemps des idĂ©aux intersubjectifs et de leurs pratiques qui constituent le consensus des marchĂ©s et des mĂ©dias. Livre mĂ©tĂ©orite, psychisme noir, a-t-on dit Ă raison, comme tous ces actes de crĂ©ation qui surgissent, singuliers, dans les techniques les plus disparates, Ă mĂȘme la matiĂšre du rĂ©el, en y composant juste une idĂ©e pour la vivre autrement. Si leur rĂ©ception change aussi, câest quâelle est engendrĂ©e prĂ©cisĂ©ment par cette exigence pragmatique de non style qui dĂ©borde le matĂ©riel artistique et la reconnaissance dâun auteur, pour nous les faire cĂŽtoyer, ni de trop prĂšs empathie mimĂ©tique, ni de trop loin rĂ©flexion intellectuelle, câest-Ă -dire par sympathie constructiviste. Nostalgies dâenfance Alors on sâembarque avec le hĂ©ros du roman, Silvestro Ferrauto, typographe linotypiste[[Conversation en Sicile Gallimard,1948, Lâimaginaire 1990 a Ă©tĂ© traduit, comme dâailleurs tous les autres romans dâElio Vittorini, par Michel Arnaud. Il nous semble que ces traductions, privilĂ©giant lâintelligibilitĂ© et la clartĂ© du sens des textes, dans une sorte de souci de dĂ©termination historique » Vittorini nĂ©o-rĂ©aliste, justement en sacrifient trop leur charge tensorielle, par rĂ©duction et subordination de la ligne syntaxique Ă la staticitĂ© des rapports signifiant/signifiĂ©. Les mĂȘmes qui, si souvent, sont bousculĂ©s dans la version originale, vĂ©ritablement rĂ©inventĂ©s, comme effets en mouvement de la production dâune simple ligne ».l raconte un hiver rĂ©volu, indĂ©terminĂ©, mais son acte de langage nous plonge tout de suite dans le prĂ©sent vivant dâune narration oĂč il baisse la tĂȘte, ne mange ni ne parle plus et feuillette le dictionnaire, seul livre quâil est capable dĂ©sormais de lire. Une impossibilitĂ© de parler, une impuissance Ă dĂ©clarer, il nây a rien Ă dire, que de lâeau dans des souliers trouĂ©s, des amis eux-mĂȘmes silencieux, seulement des fureurs abstraites, non point hĂ©roĂŻques ni vives pour le genre humain perdu. On dit non, on pense non, un quotidien sans issue ronge le corps, on ne vit que cela, le sens physique du temps qui sâĂ©croule entretemps passaient les jours, les mois » et une incessante mort anonyme annoncĂ©e dans les massacres des manchettes des journaux. Câest-Ă -dire, les redoutables puissances non dialectiques, inconscientes de ce quâest aussi le contenu premier de lâĂ©tonnante ligne syntaxique de Vittorini, la rĂ©pĂ©tition[[Cf. Gilles Deleuze, DiffĂ©rence et rĂ©pĂ©tition, PUF, 1968, La rĂ©pĂ©tition pour elle-mĂȘme », les trois synthĂšses du temps, p. 125-153. Le travail de Gilles Deleuze est une source trĂšs importante dans lâĂ©laboration de cet article. On utilisera certains de ses concepts créés notamment dans les livres suivants PĂ©riclĂšs et Verdi, la philosophie de François Chatelet, Minuit, 1988 ; Lâimage-temps, CinĂ©ma 2, Minuit, 1985 ; Bartleby, ou la formule », postface Ă Melville, Bartleby, Flammarion, 1989 ; avec FĂ©lix Guattari, Mille plateaux, Minuit,1980 ; Quâest-ce que la philosophie ?, Minuit, 1991.. Elle affecte une sorte dâectoplasme lyrique qui dit Je tel un vide, un creux sans volontĂ© organique, Ă force de vitesse, par parataxe, avec polysyndĂšte, surcharge dâinterponction, prolepse du verbe et du dĂ©monstratif, procĂ©dĂ© adjectival ternaire, suppression dâarticle. On se dirait presque dĂ©jĂ parmi les voix personnages beckettiennes, la catatonie larvaire de leurs corps couchĂ©s, corps-troncs, corps-tĂȘtes, sourds et muets. MĂȘme dans lâerrance. A bicyclette, lĂ©gĂšre et clandestine, pour Molloy, Moran, Mercier et Camier, puis dans un fauteuil, en surplace, pour Hann, paralysĂ© et aveugle. Chez Vittorini ce sont les trains il y a la drĂŽle de lettre du pĂšre cheminot, il a quittĂ© Ăźle et femme, sans regret ni honte vis-Ă -vis de personne, il conseille donc Ă Silvestro, dĂ©jĂ fuyard quinze ans auparavant, dâaller rendre visite Ă sa mĂšre pour sa fĂȘte, au lieu de lui envoyer des vĆux ; et il y a Silvestro qui va poster la lettre, Ă©tourdi semi-dĂ©pressif, et qui se retrouve Ă la gare dans un wagon de troisiĂšme classe, indiffĂ©rent Ă partir ou ne pas partir. Il suit, il ne peut que suivre une sensation de nostalgie dâenfance, non pas son enfance ; et les annĂ©es lointaines en Sicile, ce sont des rats, sombres, informes jusquâĂ quinze fois trois cent soixante cinq », non pas prĂ©cisĂ©ment des souvenirs. On atteint des intensitĂ©s sensibles, il ne sâagit pas de figures, elles vont scander dans le voyage la pratique dâune sorte de mĂ©moire transcendantale du passĂ©, fondement » temporel impersonnel, Ă la limite de lâoubli plus que du mythe dâun retour Ă une quelconque initiation originaire. En fait, Silvestro ne descend pas vers sa terre ancestrale comme vers la palingenĂšse dâune bĂ©nĂ©fique entraille protectrice, il ne va pas non plus recharger les souvenirs Ă lâaide dâune mĂšre retrouvĂ©e et dâun langage obscur Ă interprĂ©ter par mĂ©taphore. Pas tellement obscure, cette langue litanique de la rĂ©pĂ©tition, rĂ©itĂšre le vertige de la mĂ©moire comme oubli, sans Ă©tat dâĂąme ni psychologie, secouĂ©e par toutes les habitudes de lâextĂ©rioritĂ© â demi-sommeil, fatigue, faim dâun prĂ©sent qui passe. Cet Ă©tat chronique du temps, subi comme une nostalgie nĂ©vralgique, Ă la fois dans le souvenir et dans lâen plus de maintenant », Ă savoir dans une quatriĂšme dimension » non pulsĂ©e et flottante, on le sentira de plus en plus envahir lâautre Histoire tout au fil des pages pour y libĂ©rer, loin de toute prĂ©tention tĂ©lĂ©ologique de la raison, lâattraction inconnue, incertaine dâun agir diffĂ©rent, irrĂ©ductible aux reprĂ©sentations de la conscience, Ă lâorganicitĂ© de leurs rĂ©alisations physiques dans le quotidien. Giuseppe Verdi Comment Vittorini arrive Ă tenir » un tel bloc dâespace-temps, il lâexpliquait lui-mĂȘme en rappelant le double choc qui le traversa en 1936 dâun cĂŽtĂ©, les nouvelles des combats dans les montagnes espagnoles Ă la radio, lâappel mas hombre tambour, mas hombre chant de coq, mas hombre pensĂ©e », et de lâautre, la Traviata entendue pour la premiĂšre fois Ă la Scala. Il ressent lĂ une puissance de vie qui ne trouverait un Ă©cho que dans la littĂ©rature amĂ©ricaine, certainement pas dans la rhĂ©torique du roman europĂ©en quâil considĂšre malade, Ă lâexception prĂšs de Proust, Joyce et Kafka, les grands expĂ©rimentateurs solitaires hors de toute intellectualitĂ© rĂ©flexive sans Ă©lan et du psychologisme ambiant oĂč il avoue ĂȘtre tombĂ© lui aussi avec LâĆillet rouge, son premier roman. Et de mĂȘme que Stendhal, Gogol, Pouchkine avaient fait Ă©voluer le roman sous le vent de la poĂ©sie », en composant comme un Ă©quivalent de la dramatique de la fusion des genres du Don Juan de Mozart, maintenant pour le romancier latin, il faudra arriver Ă attraper ce quelque chose que lâopĂ©ra verdien tient avec sa musique sâagissant dâune action, mettons, de dĂ©part ou mĂȘme de fuite, nous ne voyons pas cette action dĂ©mentie par le long chant de â partons, partons â dâun chĆur de partants qui ne sâen vont jamais. Le langage de lâopĂ©ra verdien nous empĂȘche de voir lâinvraisemblance et nous amĂšne Ă voir la rapiditĂ© du dĂ©part, sa prĂ©cipitation, son drame ou sa comĂ©die dans cette hĂ©sitation mĂȘme ». On se dĂ©tache dĂšs lors de la rĂ©alitĂ© particuliĂšre, en annihilant les donnĂ©es de comparaison, et lâon rentre dans un monde possible, dans une rĂ©alitĂ© majeure, pour exprimer un maximum de dramatique, un maximum de comique, dans les plus petits drames, les moindres comiques du rĂ©el. DĂšs lors, lâharmonie musicale, produisant lâaction sub-reprĂ©sentative, rĂ©flĂ©chit lâĂ©lĂ©ment vocal mĂ©lodique dans un ensemble instrumental et orchestral qui met en scĂšne la matĂ©rialitĂ© des corps et leurs interactions affectives â des attractions, des rĂ©pulsions, les attentes dans les chutes et vice versa â non pas les sentiments psychologiques dâĂ©tats dâĂąme individuels. Aujourdâhui, nous soulignerions la valeur matĂ©rielle et relationnelle de lâopĂ©ra verdien, et comment il ne nous donne ni le vĂ©cu ni le concept abstrait, mais lâacte dâune raison sensible », non pas universelle, qui instaure des rapports humains inĂ©dits dans une matiĂšre molĂ©culaire sonore. LâopĂ©ra nous ferait donc percevoir esthĂ©tiquement le sens littĂ©ral de matĂ©rialisme historique ». Si Vittorini construit son style sur ce modĂšle, câest prĂ©cisĂ©ment en se rĂ©clamant dâun matĂ©rialisme orphelin de tout travail dialectique du nĂ©gatif, avec les armes dâune tension rationnelle qui met en mouvement les figures redondantes par excĂšs de lyrisme en les dĂ©pouillant. Il compose donc Ă mĂȘme la matĂ©rialitĂ© sonore du langage, pour que puissent y surgir les affects des interactions de groupe irrĂ©ductibles Ă la somme des psychologies individuelles qui le constituent. A sa maniĂšre il va ainsi greffer un autre ton dans la polyphonie de lâappel-limite, mas hombre⊠Ethnie sudiste la relation virtuelle Florence, puis Naples, la Calabre⊠et Silvestro dormant, se rĂ©veillant, Ă nouveau endormi, arrive une matinĂ©e sur le ferry-boat vers lâĂźle, entassĂ© avec les petits Siciliens affamĂ©s, apathiques, lointains comme lui Il nây a pas de fromage comparable au nĂŽtre » rĂ©pĂšte-t-il plusieurs fois en goĂ»tant finalement quelque chose, mais sa litanie ne concerne personne, et la rĂ©plique arrive tard, comme une balle perdue, vous ĂȘtes donc Sicilien, vous ? », tandis quâune femme plaintive sâexclame Messine ! », et le petit ami des oranges ressasse Un sicilien ne mange jamais le matin. Vous ĂȘtes AmĂ©ricain ? » dâun ton si tendu et strident quâil rĂ©pond que Oui », il est amĂ©ricain depuis quinze ans. On vient dâengager une conversation, le roman nâen sortira plus. Mais celle-ci se dĂ©robe tout de suite Ă la bonne volontĂ© et Ă la logique de la reconnaissance propre aux dialogues comme Ă©change dâidĂ©es ; elle montre par son absence de suite dans lâenchaĂźnement, ses associations de phrases dĂ©jĂ faites, ses rappels dĂ©cousus, quâelle nâattend jamais personne pour sâengager ; la conversation aussi se rĂ©pĂšte, et par lĂ dĂ©voile le fond redoutable â habitudes, oubli, sentences dâune petite mort diffuse â de nâimporte quel Ă©change dâinformation entre un Je et un Tu prĂ©tendument sui-rĂ©fĂ©rentiels qui communiqueraient de la sorte. On le perçoit tout de suite, sa puissance est dĂ©jĂ dans et par son acte de parole interactif, qui propage, fait circuler lâonde dâune rumeur tantĂŽt agrĂ©able, tantĂŽt dissonante, toujours non personnologique, oĂč les je et les tu trouvent des places isolĂ©es et mutantes, non contiguĂ«s et indĂ©pendantes mĂȘme dans la proximitĂ©. Ainsi, Vittorini et Cesare Pavese[[Cesare Pavese, La letteratura americana e aliri saggi, Einaudi, Torino, 1968 ; cf. aussi Le mĂ©tier de vivre, Gallimard, 1958, tr. de M. Arnaud. transforment le roman italien sous le rĂ©gime fasciste, attirĂ©s par le fil de ces rĂ©pĂ©titions dissolues, jeunes et batailleuses » propres Ă la conversation sonore des auteurs quâils traduisent â Faulkner, Dos Passos, Saroyan, Hemingway. Car ce sont justement ces derniers qui, dans leurs livres comme dans leurs scĂ©narios, ont rechargĂ© le terme du dĂ©fi de lâactivitĂ© des mĂ©tropoles amĂ©ricaines. En faisant ressortir la conversation du salon mondain du cĂŽtĂ© de chez James et chez Proust, en la jetant dĂ©finitivement dans la prolifĂ©ration des rues, ils retrouvaient les personnages de lâĂ©tranger, de lâaventurier, du passant, du migrant dont la sociologie interactionniste de lâĂ©cole de Chicago Parck et Wirth Ă la suite de Georg Simmel avait fait les nouveaux hĂ©ros anonymes du commerce urbain. Ceux-ci tĂ©moignaient un plaisir dâassociation pour elle-mĂȘme, des rapports de proximitĂ© tout en restant distants, mobiles, en transit, qui dĂ©terminaient les intĂ©rĂȘts provisoires de chacun, suivant les bifurcations imprĂ©visibles des interactions ordinaires[[Sur le rapport entre la conversation et les phĂ©nomĂšnes dâĂ©cologie urbaine Parck, Wirth et aut., LâĂ©cole de Chicago, Aubier,1979 ; sur la diffĂ©renciation entre la forme pure de la sociabilitĂ© dont la conversation est un symptĂŽme et la sociĂ©tĂ©, cf. G. Simmel, Sociologie de la sociabilitĂ© » in Urbi III, 1980. Ces travaux sont repris, aujourdâhui, par la sociologie interactionniste de John Gumperz, Engager la conversation, Minuit, 1989, et lâethnographie de la communication dâErwin Goffman, Façons de parler, Minuit, 1981, Les cadres de lâexpĂ©rience, Minuit, 1991.. Dans le travail, le commerce et le fracas mĂ©tropolitain, on sentait foisonner des attitudes singuliĂšres, des postures de corps et des positions de mots en dĂ©sĂ©quilibre permanent, irrĂ©ductibles Ă tout idĂ©alisme de la communication avec ses places et fonctions préétablies, Ă interprĂ©ter par introspection lâidĂ©e pragmatique de la dĂ©mocratie amĂ©ricaine y passait avec son grain de folie, les dangereuses rumeurs qui courent la ville⊠Vittorini le sait, lui qui ne cesse de se heurter Ă lâacceptation dâune sociĂ©tĂ© provinciale disposĂ©e aux seuls idylles de la nature, et qui trouve dans la fiĂšvre anonyme, laborieuse de New York, son dĂ©sir de grand air » pour les villes du monde Pavese remarquera que Conversation en Sicile, nâĂ©tait que le dernier chapitre, la conclusion des commentaires de lâHistoire brĂšve de la littĂ©rature amĂ©ricaine, Ă©ditĂ©e par Vittorini juste avant ; il refuse donc de faire dialoguer ses noirs siciliens hĂ©bĂ©tĂ©s dans le lent et fataliste dialecte sicilien mĂȘme pas dans le sens de la transfiguration chorale des pĂȘcheurs de Verga, tout en rompant Ă la fois avec la langue Ă©levĂ©e de la prose dâart de la revue solariana » ; il centrifuge celle-ci dans les paroles quotidiennes et y dĂ©gage la cadence, le rythme des lignes relationnelles qui stylisent le mot archaĂŻque pour lâemporter dans une direction inĂ©dite. Sâil y a, alors, une inspiration italienne » dans cette langue, on la trouverait plutĂŽt du cĂŽtĂ© de chez Svevo, qui charriait son bilinguisme comme moyen pour rendre dans une seule Ă©norme difficultĂ© » la vĂ©ritĂ© nouvelle ressentie dans les profondeurs de lâĂȘtre, du cĂŽtĂ© de lâinfluence elliottienne de Montale, le devenir pierre et rocher dâune parole au milieu de la dĂ©solation ; de lâun Ă lâautre, un continuum sĂ©miotique ardu ouvre lâĂ©criture et fait le dehors matĂ©riel dâune vie non organique intense ; Vittorini reprend cela pour son compte, dans sa composition expressive qui pose la question en devenir dâune dĂ©mocratie directe », ou le dehors de la sociabilitĂ© dirait Simmel. Une projection indiscernable entre les petits vendeurs dâorange de Messine et les nouveaux migrants des villes USA. Et la conversation en Sicile monte⊠On lâentend dans le train, pour le meilleur et pour le pire, la rĂ©signation des ouvriers et des journaliers, le soupçon paranoĂŻaque des deux carabiniers Moustachu et Sans Moustache, surtout le monologue dur du Grand Lombard sur le sens nouveau dâautres devoirs Ă accomplir, pas seulement ne pas voler, ne pas tuer, ne pas ĂȘtre un bon citoyen » ; il ne demande pas de persuader ni de convaincre, il cherche, si bien que ces propos, bien compris, mal compris, sont Ă©videmment ramenĂ©s par les hi » amusĂ©s dâun petit vieux- brindille sĂšche » au bruit de fond de la voie ferrĂ©e. Et câest encore la conversation qui rythme le quotidien des retrouvailles avec la mĂšre Concezione, affairĂ©e comme si de rien nâĂ©tait Ă nettoyer des harengs, et ainsi deux fois rĂ©elle », entre la foulĂ©e intermittente des souvenirs et lâhumour ordinaire du prĂ©sent, qui se remodĂšlent rĂ©ciproquement dans la suite des rĂ©pliques. Sur le fil de ces interactions on se promĂšne par les taudis de misĂšre et de malaria, tout le long de la tournĂ©e de piqĂ»res de Concezione, jusquâĂ ce que la rumeur de la vie du village nous laisse entendre la colĂšre du rĂ©mouleur Calogero, la douleur dâEzechiele, la demande dâeau vive de Porfirio, tous les trois insurgĂ©s contre les souffrances du monde, tous les trois terminant leur conciliabule par une colossale beuverie Ă la lumiĂšre dâacĂ©tylĂšne dans la taverne du gnome Colombe. Et quand les chansons des hommes tristes rebondissent dans un Vive » polyphonique ivrogne qui engloutit toutes les voix dans le partage humanitaire du genre humain offensĂ©, lâon se dirait dans lâeuphorie sarcastique de la fugue du Falstaff verdien, tout dans le monde nâest que farce, tutti gabbati ! ». De la sorte Vittorini rĂ©ussit en mĂȘme temps Ă sauver artistiquement la sonoritĂ© asignifiante de lâĂąme conversationnelle et Ă en dĂ©noncer sa conversion thĂ©matique en discussion dâopinions aux tons populistes complaisants qui rĂ©duit le fond commun prĂ©supposĂ© dans un consensus dĂ©clarĂ©. LĂ oĂč la rhĂ©torique de bien-faire les figures pointe; et celles-ci ligotent toujours les hommes, mĂȘme quand elles voudraient » les sauver, insĂ©parables des forces rĂ©actives de leur signifiance Ă reconnaĂźtre, toujours liĂ©e aux signifiĂ©s dominants, de leur subjectivitĂ© Ă communiquer, toujours en prise sur un ordre Ă©tabli dâassujettissement mĂȘme sâil Ă©tait engendrĂ© dans le cĆur profond de la Sicile persĂ©cutĂ©e. Au dĂ©but Silvestro est muet dans son non-espoir, on le retrouve ivre et ça ne va pas mieux pour le rĂ©veil de sa conscience. Pourtant cela nâa pas dâimportance, car câest bien dans un devenir sans Moi » quâil se trouve emportĂ© par le mouvement de la conversation avec ses formes de la compagnie, de la rencontre, de la ballade. Câest-Ă -dire ces zones de sociabilitĂ© pure, Ă percevoir musicalement, suivant une interaction irrĂ©ductible Ă ses conditions de possibilitĂ©, ses structures, ses situations et ses places sociales. Elle ne pensait pas Je suis, elle pensait Je fais » avait Ă©crit Vittorini dans la nouvelle fĂ©erique dâErica, en esquissant par cette transitivitĂ©, sa formule prĂ©fĂ©rĂ©e Je suis dans un autre » sâagit-il dâun simple acte de parole autorĂ©flexif, Vittorini-sujet dâĂ©nonciation, relatant le temps rĂ©volu du voyage de Silvestro-sujet dâĂ©noncĂ©, avec toutes les zones dâindiscernabilitĂ© rĂ©ciproque, pour le plaisir des analyses textuelles ? Sans doute, mais on est confrontĂ© davantage Ă une formule constructiviste qui prolonge la fĂȘlure de la conscience rimbaldienne, Je est un autre », au sens oĂč le je et lâautre pourront exister seulement comme inclusion prĂ©dicative, acte dâun passage, rapport ; si bien que leur relation en mouvement prime lâimpossible double intĂ©rieur et lâextĂ©riorise, pour le rendre irrĂ©ductible aux sujets Vittorini, Silvestro⊠qui le composent, transformĂ©s eux-mĂȘmes en de simples positions. Certes, cette sensibilitĂ© Ă la relation, ou matĂ©rialisme empiriste en lutte soit contre lâempirisme vulgaire, naturaliste, soit contre lâinterprĂ©tation idĂ©aliste du rĂ©el, toujours nominaliste, ne peut naĂźtre que dans des conditions historiques dâurgence 1936-1945, pour faire voir Ă travers lâhumour noir du genre humain perdu lâimpossibilitĂ© de continuer Ă vivre sous cette domination-lĂ ; toutefois, il ne sâagit que de conditions, qui dĂ©gagent sous le signe de la relation problĂ©matique, le nĂ©o-rĂ©alisme comme tendance, indĂ©pendamment des lieux communs sociologiques responsabilitĂ© publique, dĂ©couverte du milieu populaire et des difficultĂ©s de dĂ©limitation, des impasses, surtout pour le roman comme genre. Une nouvelle nĂ©o-rĂ©aliste » cinĂ©ma De la littĂ©rature au cinĂ©ma, on pense Ă une autre conversation en Sicile, celle du premier Ă©pisode de PaisĂ . AprĂšs le dĂ©barquement alliĂ©, lâĂ©lĂ©ment historique au quotidien se dĂ©voile dans la confusion des langues â lâitalien, le dialecte sicilien, lâamĂ©ricain Ă©changĂ© par allemand â sur la place dâun village, qui introduit le fond sonore de tout le film ; quand ensuite, dans le chĂąteau fort, la nuit, la jeune fille-guide reste seule avec le soldat amĂ©ricain, un trĂšs long plan-sĂ©quence fait sentir la matiĂšre des interactions entre les deux Joy parle et parle, demande Ă Carmela si elle est fasciste, la touche, lâentraĂźne Ă se dĂ©rober furieuse, par rĂ©pulsion ; Joy dit home », et Carmela rĂ©ticente, rĂ©plique come » comment, tandis que dehors une Ă©toile filante tombe, il faut vite faire un vĆu, mais Carmela comprend toujours autre chose. Elle sourit pourtant Ă lâattraction de ces mots-sons pressants. Il lui montre une photo avec sa sĆur, il raconte de chez lui dâune voix de plus en plus atone venant dâun no manâs land, et pour bien lui faire comprendre ce quâest une sĆur, il allume le briquet et reçoit en rĂ©plique un sorella » Ă©merveillĂ©. On atteint le point problĂ©matique qui seul intĂ©resse Rossellini ce qui sâest passĂ© entre les deux pour en arriver Ă cet affect irradiant, cette concentration extrĂȘme sans plus de rapports avec lâhistoire vĂ©cue de gens dans la guerre, les rĂŽles dâalliĂ©-nouveau conquĂ©rant et dâoccupĂ©e rusĂ©e. Quand lâinteraction arrive Ă se dĂ©pouiller de ses lois attractives, rĂ©pulsives et vaut en elle-mĂȘme par son Ă©trange autonomie pure. On le saisit dâautant plus quâun coup de feu retentit et Joy sâĂ©croule, lâaction se prĂ©cipite, ce qui va se passer devient elliptique, inorganisĂ©, mĂȘme le corps Ă©crasĂ© sur les rochers de Carmela dĂ©couverte par les Allemands, elle a tirĂ© sur eux â les AmĂ©ricains dehors ont entendu les coups de fusils, ils sont revenus⊠â en voyant leur camarade, est-ce quâils pensent quâelle lâa trahi ?. Filmer lâattente, câĂ©tait lâimpĂ©ratif de Rossellini, mais lâattente chez lui nâest pas du tout ce qui va se passer, et quâil faudrait rendre dâaprĂšs les lois dâune connexion logique tenant le spectateur haletant par le dĂ©roulement des faits ; lâattente rossellinienne est dĂ©jĂ un fait en elle mĂȘme, lâimage-fait » disait AndrĂ© Bazin[[A. Bazin, Quâest-ce que le cinĂ©ma ?, Ed du Cerf, p. 250 et suiv. Les Ă©crits rosselliniens sont rĂ©unis in R. Rossellini, Le cinĂ©ma rĂ©vĂ©lĂ©, Flammarion, 1984., en reprenant un certain langage phĂ©nomĂ©nologique dans lâesprit du temps que Rossellini le thĂ©oricien ne dĂ©daignait dâailleurs pas ; pourtant, cette image-fait comme attente irrĂ©ductible Ă son dĂ©roulement, compose le secret dâun temps non chronologique, sa part toujours inaccomplie », virtuelle, son problĂšme vivant ou relation, et cela nâest jamais dĂ©jĂ donnĂ© dans une sorte dâexpĂ©rience sauvage quâon devrait faire lever comme sens des choses visibles ; cela, il faut le construire Rossellini le praticien dans son affaire de pensĂ©e â du mental immanent et vivant â bien plus que du vĂ©cu, mĂȘme originaire, car celui-ci est toujours remis Ă un transcendant interprĂ©tant. Reste toute la force des thĂšses de Bazin, notamment quand il dĂ©finissait PaisĂ le premier film en tant que vĂ©ritable recueil de nouvelles; il citait lui aussi les AmĂ©ricains â Hemingway, Dos Passos, et Faulkner â sans pourtant parler des adaptations de leurs livres, comme dans le cas de la plupart des films qui rĂ©cupĂ©raient la nouveautĂ© dâune syntaxe dans la reprĂ©sentation dâactions enchaĂźnĂ©es suivant des schĂ©mas organiques forts, jugement moral compris ; il soulignait plutĂŽt un Ă©quivalent stylistique les ellipses, la dispersion des situations faibles, difficilement reconnaissables. En effet, les lacunes tissent dans PaisĂ , au-dessous de la chronologie de la libĂ©ration » amĂ©ricaine Ă travers lâItalie, les postures, les positions, la syntaxe », dâun rĂ©seau de rencontres quelconques entre des soldats, des moines, des enfants, des femmes, des partisans, des pĂȘcheurs, parlant, vivant, rĂ©sistant ; et toutes ces relations convergent vers un point problĂ©matique, tĂ©moin de la persistance dâun secret quâest-ce quâil sâest passĂ© pour en arriver au GI noir atterrĂ© par la pauvretĂ© des sans-abris dans la grotte napolitaine, au cadavre qui coule sur le Po avec la pancarte partisan » sur le dos⊠Alors lâimage devient une situation optique et sonore pure », au-delĂ des dimensions vĂ©ridiques des enchaĂźnements, pas du tout une dĂ©nonciation humaniste ou une rĂ©flexion sur la guerre, plutĂŽt un acte de fabulation dĂ©gagĂ© du document. La voix-off scande les Ă©tapes du film pour annoncer dans la derniĂšre scĂšne â cela sâest passĂ© lâhiver 44, quand vint le printemps, la guerre Ă©tait finie » -, lâintolĂ©rable vrai de lâhistoire qui sonne aussi puissamment faux, transformĂ© dĂ©jĂ en acte de fabulation devant les rĂ©sistants anonymes, les opprimĂ©s oubliĂ©s. Dans le cas qui nous occupe, entre Carmela et Joy, nous nâentendons que la matiĂšre brute, compliquĂ©e de leur parler ordinaire, nous ne voyons dâabord que des postures rĂ©pulsives et attractives, puis lâacte de fabulation rossellinien nous rĂ©vĂšle la scĂšne dĂ©pouillĂ©e des rĂ©sidus des prĂ©supposĂ©s implicites reliant les rĂ©pliques des personnages Ă leurs formes subjectives. On en tire ce quâon ne peut que voir, ce quâon ne peut que dire dans toute conversation humaine, lâindicible-invisible inhumain ou surhumain, qui sây recĂšle virtuellement, une lueur, une tendresse, et lâacte de parole entre les deux est basculĂ©, est devenu fabulatif devant eux, les entraĂźnant avec lâauteur et les spectateurs pour faire sentir lâintensitĂ© sonore vide »⊠un dĂ©sir qui ne serait plus quâun avec lâacte de crĂ©er ? Le problĂšme sous-jacent, lâart de la rencontre nĂ©o-rĂ©aliste », consiste bien en ceci chercher Ă composer lâĆuvre autour dâune idĂ©e mentale pour quâune image quadridimensionnelle, photographie mĂȘme de lâair qui passe, rende visible un plus de rĂ©alitĂ© immanente. Et il sâagit dâune charge singuliĂšre et collective Ă la fois, câest-Ă -dire justement relationnelle, comme critique sensible du prĂ©sent historique. Il faudrait, Ă cet Ă©gard, au moins Ă©voquer une autre ligne, la ligne dâombre dâun nĂ©o-rĂ©alisme intĂ©rieur, de Pavese Ă Antonioni, un lointain intĂ©rieur pas du tout intimiste, qui suscite lâimpensĂ© comme question sur lâimpossibilitĂ© pathologique dâun amour malade Ă partir de lâanatomie minutieuse des Ă©checs et des malheurs des rencontres. Ce sera la question-voyance devant la vacuitĂ© malsaine de la bourgeoisie urbaine, la bonne sociĂ©tĂ© turinoise de Entre femmes seules et Les amies mais aussi Le diable sur les collines et La nuit, ou Lâaventure, car le passage de la sĂ©cheresse lyrique du roman au film opĂ©rĂ© par le cinĂ©aste, moins quâune adaptation, rĂ©vĂšle plutĂŽt une approche esthĂ©tique originale, telle un diagnostic clinique » du mĂȘme problĂšme ; et tandis que le style pavĂ©sien le traite par une conversation fĂ©minine pleine de renvois, dâimplicites, de phrases faites et indĂ©cente, de tressaillements qui creuseront un vide » â lâimage indicible de Rosetta suicidĂ©e -, chez Antonioni, le parlĂ© sâestompe, sâĂ©conomise et le matĂ©riel conversationnel passe dans ses longs plans sĂ©quences qui disent ce qui vient aprĂšs » chaque rĂ©plique en tant que posture banale, en rendant ainsi la fabulation dans le constat sensible de lâinvisible souffrance relationnelle des personnages. CinĂ©ma ou roman, de lâinteraction matĂ©rielle Ă la fabulation, les techniques changent, non le lien commun de cette pragmatique de la composition esthĂ©tique qui sâen inspire et tend les diffĂ©rents matĂ©riaux vers leur dehors, un mental en quĂȘte de sa propre musique au quotidien. Remarque pragmatique axiomatique ou constructivisme Combien Silvestro, perdu dans les montagnes siciliennes, en rentrant dans la conversation, en y devenant ivre, est le tĂ©moin-prĂ©curseur de cette dĂ©marche. Il dĂ©voile dâavance toutes les impasses propres au principe de coopĂ©ration qui fonde aujourdâhui la logique analytique de la conversation. Des impasses dont une telle logique aura bien besoin pour enliser la pragmatique Ă lâintĂ©rieur des jeux linguistiques, avec leurs rĂšgles sur les conditions de vĂ©ritĂ© des Ă©noncĂ©s, les conditions de rĂ©ussite de lâĂ©nonciation[[Pour une approche analytique de la pragmatique de la conversation » on renvoie notamment Ă Communications, n° 30, 1979, cf. surtout lâarticle de H. Paul Grice, Logique et conversation », p. 57-72.. Silvestro rĂ©clame Ă sa mĂšre, Ă propos du pauvre chinois vendeur de colliers, de cravates, toujours envoyĂ© au diable, des rĂ©ponses nouvelles et Ă©tranges, des tours de mots qui changent dâune maniĂšre ou dâune autre le cours de lâexistence, mais il sent » tout de suite que celles-ci nâarrivent pas, ne peuvent pas arriver, elles seraient prĂ©orientĂ©es par la volontĂ© organique de sa conscience, dĂ©sormais rĂ©duite Ă une simple façon de parler ; ce seraient des rĂ©ponses au lieu tout simplement de devenir juste des idĂ©es pour autre chose, au-delĂ de la psychologie de la rĂ©cognition qui les standardise. Pour parler analytiquement, on serait au-delĂ des rĂ©alisations de lâintention illocutionnaire du locuteur au moyen de la reconnaissance par lâauditeur de cette intention. Quâon se rapporte aux maximes de Grice qui rĂ©activent linguistiquement certains principes de lâanthropologie pragmatique kantienne. Elles tournent autour de lâidĂ©e que toute contribution conversationnelle doit correspondre Ă ce qui est exigĂ© au stade atteint par celle-ci, par le but ou la direction acceptĂ©s de lâĂ©change parlĂ© dans lequel on sâengage, avec ces quatre rĂšgles associĂ©es a quantitĂ© que votre contribution contienne autant dâinformation quâil est requis mais pas plus ; b qualitĂ© que votre contribution soit vĂ©ridique, nâaffirmez donc pas ce que vous croyez ĂȘtre faux, nâaffirmez pas ce pour quoi vous manquez de preuve ; c pertinence parlez Ă propos, en sorte que votre contribution se rapporte au sujet de la conversation ; d maniĂšre soyez clair, ni obscur, ni ambigu, mais concis et ordonnĂ©. Cela sâappelle un Ă©change dâinformation, Ă savoir une communication intersubjective, suivant une approche pragmatique qui ne considĂšre plus le langage Ă partir dâune surcodification signifiante, mais continue nĂ©anmoins Ă le formaliser, cette fois comme une axiomatique immanente qui trouve prĂ©cisĂ©ment dans la conversation son meilleur domaine de rĂ©alisation. En effet, le principe de coopĂ©ration en cache toujours un autre encore, et celui-ci est coextensif Ă la parole ordinaire tout entiĂšre. On utilise la frĂ©quence de lâinformation et la subjectivitĂ© de la communication pour rĂ©pandre la redondance de vĂ©ritĂ© entre lâĂ©noncĂ© et lâacte, et faire de tout speech-act une transmission dâordre. Il ne sâagit mĂȘme plus de principe Ă vrai dire, câest le critĂšre immanent du fonctionnement de cette force rhĂ©torique quâest lâaction de langage. Des sujets reconnaissent le vrai, le consensus circule, propage la bonne volontĂ© de la parole, et la communication rĂ©vĂšle sa nature pas du tout idĂ©ale traiter la variabilitĂ© des interactions par leurs constantes rĂ©fĂ©rentielles, conatives, etc., les faire accepter, constituer dĂšs lors lâopinion majoritaire. Ce nâest pas de cette conversation lĂ que demande Silvestro, lui dont la seule volontĂ© tĂȘtue est dĂ©sormais un affect qui, imperceptiblement, sâinsinue comme potentiel du dialogue avec la mĂšre, ne reconnaissant pas les Ă©tranges rĂ©ponses, mais les rencontrant, avec la nĂ©cessitĂ© de les prolonger, de les consolider par la construction dâun autre agir. La voix scellĂ©e Ce potentiel, qui mine davantage les rĂ©sidus encore organiques et reprĂ©sentatifs de la description de Vittorini, vus par un Je narrant ses interactions et leur Ă©chec, se dĂ©plie dans le grand dialogue nocturne parmi les lumiĂšres du cimetiĂšre, entre Silvestro et le fantĂŽme du frĂšre Liborio, mort soldat, et vaticinant du profond de la terre. On rentre dans un accent dostoĂŻevskien, au moins dans le sens de Bachktine, qui soulignait comment son auteur avait repris certains dialogues sur le dernier seuil », trĂšs rĂ©pandus dans la littĂ©rature du Moyen-Age. Ils rĂ©unissaient le thĂšme de la mĂ©nippĂ©e carnavalesque et les mystĂšres du genre universel des ultimes questions et ils crĂ©aient ainsi des hĂ©ros entre la vie et la mort, la raison et la folie qui nâĂ©taient plus que des voix retentissantes vis-Ă -vis de la terre et du ciel[[Mikhail Bakhtine, La poĂ©tique de Dostoievski, Seuil, 1970, Les particularitĂ©s de composition et de genre ». p. 220 et suiv.. Chez Vittorini, la situation exceptionnelle produit une vĂ©ritable situation dâindĂ©cidabilitĂ© entre les catĂ©gories du mode et de la voix celles-ci font voir et les paysages font entendre, les montagnes de la Voie LactĂ©e emplissent de jasmins Ă la fois les nuits dâenfance avec le pĂšre cheminot jouant Hamlet dans les gares, et le maintenant avec les morts et les tuĂ©s qui surgissent des tombes et mettent en scĂšne la mĂ©moire du monde, les actions des rois, des opposants, CĂ©sars non Ă©crits, Macbeth non Ă©crits; lĂ , parmi les disciples, les partisans, les soldats, Liborio enfant parle Ă une jeune fille et arrose un jardin, joue avec son frĂšre en culottes courtes⊠Alors gronde la solitude de la terre, brasse la mĂ©moire historique et privĂ©e-existentielle dans un ferment polytonal qui dĂ©fie les mythes, la patrie et lâhĂ©roĂŻsme du sacrifice, chaque parole imprimĂ©e, chaque parole prononcĂ©e, chaque millimĂštre de bronze Ă©levĂ© ». Non seulement le sujet dâĂ©nonciation fait partie du sujet dâĂ©noncĂ©, mais lâun dans lâautre, Vittorini-Silvestro, sont tellement rentrĂ©s dans cette quatriĂšme dimension optique et sonore pure, au-delĂ du souvenir et de lâici-maintenant, que tous les deux dĂ©pendent dâun tout autre sujet dâĂ©nonciation, je » collectif, Shakespeare du monde, tragique et bouffon Ă la fois. Câest lâaffabulation de lâĂ©trange cortĂšge derriĂšre Silvestro â des charretiers et des chiens, le Chinois et le Grand Lombard, le petit ami des oranges,le rĂ©mouleur Calogero, des femmes de Sicile, Ezechiele et Porfirio,- qui rassemble les gens du voyage dans le discours indirect libre comme acte de parole du peuple sicilien ; non quâil y ait de quoi ĂȘtre fier, car la noblesse de ce peuple ne cesse de se superposer Ă son abjection au pied du monument aux morts oĂč tous seraient prĂȘts Ă cĂ©lĂ©brer lâhorrible clichĂ© de la grande femme nue en bronze. Alors la voix de Liborio jaillit en Silvestro, une voix obscure en basse sonore Ehm ! Ehm ! Ehm ! » Moustachu et Sans Moustache peuvent sâacharner une derniĂšre fois Ă interprĂ©ter ; le mot est scellĂ©, il frĂŽle matĂ©riellement le silence devant lâexistence offensĂ©e et rĂ©sonne Ă la limite commune des actes de parole autorĂ©flexifs ou interactifs. CâĂ©tait ainsi depuis le dĂ©but, car toutes les conversations entre les gens ou dans une seule et mĂȘme personne, dĂ©jĂ se laissaient bien parcourir par un tel implicite qui nâen est pas un, le secret du problĂšme » Ă©gal au silence, Ă travers les composantes du rĂ©cit, par intensification syntaxique. On le saisit jusquâau niveau de la structure constitutive de la narration, la forme onomastique des personnages et des villages, des villes aussi, Siracusa, Spaccaforno, Modica, Genesi, Donnafugata, Vittoria, Girgenti⊠La musique de la rĂ©pĂ©tition les extrait de leur Signifiance en tant quâunification substantielle et reprĂ©sentative de lâĂ©nonciation, comme de leur subjectivitĂ© significative en tant quâindividuation par figures, si bien que Sicile ou Perse et Venezuela ce serait la mĂȘme chose », car le nom de ces villes et de leurs hommes rĂ©pĂ©tĂ©s tantĂŽt dans le prĂ©sent du voyage et de son habitude, tantĂŽt dans le passĂ© dâune mĂ©moire subie comme enfance de lâoubli, assume toute sa finitude dans lâutopie des villes mĂ©tropolitaines Ă bĂątir, oĂč les personnages et les paysages urbains se connectent, indiscernables, grĂące au contrepoint syntaxique pour ne plus ressembler quâĂ des mĂ©lodies prises dans des rythmes. Le retour Ă la mĂšre » aussi, dans sa tendresse hors conscience, est dâabord et surtout un nom propre, mĂšre Concezione, puis MĂšre-melon, MĂšre-reine, MĂšre-abeille, MĂšre-vache, MĂšre-oiseau des gĂ©missements, des sifflotements, parfois une roulade â il importait seulement quâelle chantait, elle devenait oiseau, la mĂšre-oiseau de lâair et, dans ses oeufs, la mĂšre-oiseau de la lumiĂšre⊠» ; et des noms propres deviennent de mĂȘme le fifre » et le cerf volant », les souliers trouĂ©s et lâeau vive, les Nuits des hommes nus dans le Vin, lâErmite et le Chinois. On a voulu y lire des symboles ; peut-ĂȘtre, si on leur donne la valeur quâinvoquait lâun des inspirateurs de Vittorini, Lawrence une intense pensĂ©e des flux, un processus dâaction et de dĂ©cision sub-reprĂ©sentative, toujours au milieu, sans origine, finalitĂ© ou interprĂ©tation possible, prĂ©cisĂ©ment lĂ oĂč les relations prennent leur vitesse pour devenir un vecteur vers le cosmos, le problĂšme vivant[[ Lawrence, Apocalypse, Balland, 1978, prĂ©face de Fanny et Gilles Deleuze. Câest Vittorini le traducteur italien du Serpent Ă plumes.. Câest que le mot scellĂ©, ehm !, ehm !, ehm !, Ă©vide la tension syntaxique des rĂ©sidus didascaliques et sauve la puissance collective du langage on parle, redoutable par ses dĂ©sirs, ses mutations de masse », en lâarrachant Ă la dimension des actes de parole en tant quâordres. Lâacte de parole sâest dĂ©robĂ© Ă la forme de la reconnaissance qui enlise sa force active dans celle rhĂ©torique de la domination ; il nâest plus quâune formule dans sa tentative-limite de trouver une issue au devenir intense du langage, en le faisant taire, il le sauve pour que dans son dehors, il insiste. La conversation en Sicile finit comme elle avait commencĂ©, Ă la cuisine. Silvestro dit Je pars », Concezione demande sans Ă©tats dâĂąme sâil reste pour dĂźner, et un acte de fabulation qui ne cesse de dĂ©gager la relation, introduit entre les deux une troisiĂšme silhouette elle donne au rĂ©el le plus que le dernier seuil du roman a su crĂ©er. Vittorini construit par lĂ sa nouvelle image de cinĂ©ma nĂ©o-rĂ©aliste, elliptique, en hiatus, entre plusieurs plans mentaux » un homme pleure ou dort de dos, tes pieds dans une cuvette, les cheveux blancs, trĂšs vieux, la tĂȘte basse ; il est un peu idiot comme Silvestro au dĂ©but, bien quâavec une autre fatigue, celle des voyages et voyages accomplis, avoir fait le mouvement par une force obstinĂ©e de continuer, il sâagit peut-ĂȘtre du grand-pĂšre, ou du pĂšre de retour, ou bien du passant aimĂ© autrefois par Concezione, le passant-arpenteur, Ă travers les terres siciliennes, jamais plus revenu aprĂšs une grĂšve dans les soufriĂšres⊠Lâun et lâautre se taisent et le Grand Lombard insiste en eux, le seul qui avait saisi dans le mot scellĂ©, la tension pour le nouveau devenir dâune conscience » fraĂźche⊠Et le Grand Lombard un Sicilien, sans doute un Lombard ou un Normand de Nicosia, de haute taille et les yeux bleus, pas jeune, la cinquantaine, parlant le dialecte avec ses u lombards, de ces localitĂ©s lombardes du Val Demone, Nicosia ot Aidone » reste le nom propre multiple, distributeur de la gĂ©ographie du roman. Il Ă©tire son dialecte vers la psalmodie du Ehm » au seuil du silence, mĂ©morable personnage par Ă©nergie et puissance, catalyseur dâune rĂ©sistance Ă consolider grĂące Ă la grandeur mĂȘme de lâangoisse de Macbeth, de la folie dâOthello et de la bouffonnerie gĂ©nĂ©reuse de Falstaff, câest-Ă -dire lâinspiration shakespearienne de Verdi, ou ce en quoi le roman est encore pieux. Ceci ce nâest pas une < < conversation sacrĂ©e » Est-ce pour cela que Italo Calvino dans de belles pages sur l'utopie rationnelle de Vittorini[[Italo Calvino, Progettazione e letteratura » in Menabo'10 1967 ; Viaggio, dialogo, utopia », in Il ponte, 1973. Michel Serres dans son livre EsthĂ©tiques. Sur Carpaccio, Hermann, 1975, dĂ©die une intĂ©ressante Ă©tude Ă la Conversation sacrĂ©e » du MusĂ©e de Caen. trouve le modĂšle de sa conversation dans l'approche picturale et visuelle des conversations sacrĂ©es des tableaux de la renaissance vĂ©nitienne ? LĂ aussi, chez Bellini et surtout Carpaccio, la limite du silence est peinte Ă travers une litanie rĂ©pĂ©titive de plans - sur le fond, Venise et ses ponts, le commerce laborieux et marchand, comme grand englobant, le pont de Saint JĂ©rĂŽme-l'ermite, au devant, la table de l'agapĂ© avec les bienheureux, et dans le bras de Marie, contemplative, l'enfant JĂ©sus appelant par le geste le petit Jean-Baptiste, au milieu des autres transversales de connexion. Tout un mouvement immanent s'insinue dans la conciliation anthropocentrique de l'humain et du divin avec la ville Ă©talĂ©e, jusqu'Ă l'harmonieux chiffre universel de la mĂšre et de l'enfant les anachorĂštes, les ermites se confondent idĂ©alement aux vĂ©nitiens quelconques, ils traversent les ponts, sillonnent, construisent des espaces de rencontres quotidiens qui s'Ă©chappent de l'espace universel et allĂ©gorique, invariant du sacrĂ©, la cĂ©lĂ©bration du Verbe engendrĂ©. En ce sens, la litanie rĂ©pĂ©titive de Vittorini est la ballade, le mouvement immanent de la rencontre, car cette pauvre femme-mĂšre qu'est Conception, pleine de temps, d'humain genre passĂ©, enfance et autre, des hommes et des fils, pas du tout de l'histoire », ne contemple plus Liborio mort lĂ©gionnaire en Espagne, simplement elle en fait sentir la tendresse de rage, ehm » ehm », la texture de la voix pour qu'une dĂ©cision de conduite jusqu'alors impensĂ©e surgisse, non pas pour une quelconque cĂ©lĂ©bration de l'incommunicable silence avant toute conversation. Matter of fact », Ă©crira Vittorini dans les notes de son essai Les Deux tensions Ă©dition posthume, infra-reprĂ©sentatif, jamais dĂ©jĂ lĂ , toujours Ă construire. Ce serait donc plutĂŽt Ă la maniĂšre de CĂ©zanne, l'expĂ©rimentateur des densitĂ©s et forces physiques, matĂ©riellement impensĂ©es, et invisibles le verre de CĂ©zanne... sa tension qui ne procure rien d'autre encore que de la tension ». Et d'ailleurs, il se peut que dĂ©jĂ la peinture vĂ©nitienne savait rendre cette matiĂšre, par composition de lignes transversales d'avenir, autonomie de la couleur, indĂ©pendamment du code byzantin signifiant et de son rĂ©cit religieux les figures et postures statiques de la narration. Elle devient maintenant la scĂšne sonore de l'Ćuvre que nĂ©anmoins Vittorini rendra visible avec son propre matĂ©riel de composition ayant le mĂ©lodrame seul comme modĂšle. A partir des forces enfouies dans la matiĂšre brute du parler ordinaire la parole se lĂšve des villes, elle se consolide par d'autres ponts, d'autres figures », JĂ©rĂŽme l'ermite devient le Grand Lombard de passage, et l'Etranger, le Migrant, l'Exclu, autant de personnages de rencontre comme possibilitĂ©, inspiration mĂȘme de rapports humains inĂ©dits, en contretemps de toute rhĂ©torique de la communication intersubjective, ou de sa mise en abĂźme. Cette conversation matĂ©rielle » que guette Vittorini dans sa recherche de l'Ă©crivain-CĂ©zanne, hors des plaisirs de la communion, de l'exaltation et de la distension, cette conversation-question est la construction modelante, productrice d'un sens inter-sensoriel », inter-intellectuel » et inter-perceptif », qui fait inĂ©vitablement Ă©crouler les rĂ©sidus du discours autoritaire et despotique de la fonction-auteur, les dangers de naturalisme humaniste de la narration. Syntaxe Vittorini n'Ă©crira plus d'Ćuvres achevĂ©es, Ă l'exception de Uomini e no[[Vittorini lui-mĂȘme critique dans son Journal en public le mauvais choix du titre pour la traduction française Les hommes et les autres qui risque une interprĂ©tation humaniste manichĂ©enne. Il insiste sur le caractĂšre inclusif, problĂ©matisant et non oppositif, de l'inhumain dans l'humain Des hommes et non., le roman de la lutte partisane dans l'hiver 44 Ă Milan. DĂ©jĂ dans celui-ci, trĂšs marquĂ© par la lutte de la contingence historique telle qu'elle risque de se figer dans les avatars d'une morale de l'engagement, d'ailleurs ressentie mĂȘme dans le phrasĂ© dialogique, trop prĂšs des modules narratifs amĂ©ricains, les pages les plus fortes se dĂ©tachent du livret, comme ses prĂ©ceptes romanesques, concernant la charge informative, la tension objectiviste et la nouveautĂ© formelle, finissent par se dĂ©composer la charge, la tension et la nouveautĂ© entraĂźnent forme, information et objet dans une vie matĂ©rielle et relationnelle non rĂ©fĂ©rentielle, en-deçà du volontarisme du message, au-delĂ du Moi et du Toi des mimĂ©sis humanistes, suivant un impĂ©ratif catĂ©gorique Ă l'infinitif, pour des voix devenues atones Tu avais Ă attendre ? », Il ne s'agissait que d'attendre. N'Ă©tait-il pas simple que j'attende ? », C'Ă©tait simple », C'Ă©tait trĂšs simple. De mĂȘme l'Ă©tait rĂ©sister... », Il n'y a rien d'autre Ă faire », Et il te suffit Ă toi, qu'il n'y ait rien d'autre pour continuer ? Tu peux continuer ? », Je peux continuer ». Continuer mĂȘme toujours et toujours rĂ©sister ? ». Et si les personnages rythmiques vittoriniens les plus rĂ©ussis sont souvent des vieux ou des vieillards comme le Grand Lombard - ainsi l'Ă©tonnante Garibaldienne » de retour Ă son immuable pays archaĂŻque, dans la chorale nocturne au tempo d'un opĂ©ra buffa » pour voix malveillantes aux balcons... -, c'est que tous agissent leur corps et leur parole par cette sorte de force matĂ©rielle persĂ©vĂ©rante qui fait le mouvement - des catalyseurs de lente Ă©nergie extĂ©rieure, des individualitĂ©s comme relation Ă venir. MĂȘme et surtout le grand pĂšre monumental du Simplon fait le clin d'Ćil au FrĂ©jus, qui autrefois bĂątit des ponts, des chemins de fer et des tunnels, peut-ĂȘtre aussi le ColisĂ©e, la Muraille de Chine, les Pyramides, et maintenant, Ă peine supportĂ© dans la famille dĂ©munie de la fille Ă la pĂ©riphĂ©rie de Milan, se tait, n'Ă©coutant que les rĂ©cits de son ami terrassier sur les Ă©lĂ©phants, leur humeur tenace, patiente... Le peuple stoĂŻcien des Ă©lĂ©phants, Ă la rencontre d'un mourir content, en retrait, dans leurs mystĂ©rieux cimetiĂšres. Jusqu'au beau matin que grand-pĂšre, en recommençant Ă causer d'un sombre fracas de pierres dans la gorge, est Ă©lĂ©phant, dans le parc de Lambrate, au dehors, en s'Ă©loignant lentement, en saluant avec la canne Ici, ce n'est pas l'Afrique ; on est au milieu des arbres, mais on entend tout autour, des tramways ; on arrive au bord d'un Ă©tang, mais aussi, Ă des fontaines de bronze ; on arrache une branche de genĂȘt, mais on donne un coup de pied dans une boite en fer blanc oĂč il y eut des sardines ; et l'on grimpe des pentes de sable, des dunes, d'oĂč l'on entrevoit, lointains et pourtant proches, des pinacles de fer. Court ici Ă travers le fil du tĂ©lĂ©phone, chargĂ© de conversations, et si l'on prĂȘte l'oreille, peut-ĂȘtre que l'on entend un Ă©cureuil, l'on entend un liĂšvre, mais on entendra plus souvent des voix qui appellent d'un numĂ©ro " qui est Ă l'appareil ? ", se demandent les hommes ici, Ă travers. Ils s'appellent l'un l'autre, l'un frappe Ă l'autre et d'ici, c'est aussi cela que l'on entend, ou, aussi, on entend siffler brusquement le train, le cri de mille de mes semblables qui passent en train et Ă la fois de moi-mĂȘme qui sais leur passage par un bois dans un train. Pourtant, c'est ici que je cherche quel pourrait ĂȘtre le sens de ces temps oĂč l'on serait vraiment des Ă©lĂ©phants. Non point, donc, de la façon dont peut l'avoir Ă©tĂ© grand-pĂšre ? Non point de la façon dont peut l'ĂȘtre grand-pĂšre ?... je m'enfonce dans les feuilles et la rosĂ©e, je m'imprĂšgne de rosĂ©e, je m'imprĂšgne de feuilles, je marche et j'en viens Ă penser que ce pourrait ĂȘtre merveilleux, des baies rouges de plantes piquent le vert mĂȘme sous mes pieds, de rouges corails, et de l'herbe tout autour d'autres herbes bondit, gicle, saute, dans un mouvement en Ă©ventail qui est une crĂ©pitante transmutation d'herbe en grillons et de grillons en herbe, de grillons en rosĂ©e, de grillons en feuilles. Mais j'en viens aussi Ă penser que c'est prĂ©cisĂ©ment ici, non ailleurs, non en Afrique, non dans des forĂȘts vierges, que ce serait merveilleux, pour ce qui, ici, est ville la voie ensevelie sous les orties et qui est une joue appuyĂ©e Ă la ville, non pas seulement une joue appuyĂ©e aux plantes ; si bien que je voudrais que survienne dans des bois comme ici, Ă Milan, Ă Paris, c'est-Ă -dire aprĂšs la ville, non pas avant, un temps oĂč l'on serait des hommes-Ă©lĂ©phants, sereins Ă l'Ă©gal des Ă©lĂ©phants, mais libres et non pas de quelqu'un, non pas d'un sĂ©rail, mĂȘme au prix d'ĂȘtre lourds comme les Ă©lĂ©phants le sont, trapus, balourds, fumant des cigares comme eux, s'ils fumaient, et non plus des danseurs gracieux, des prestidigitateurs comme nous le sommes[[E. Vittorini, Le Simplon fait un clin d'Ćil au FrĂ©jus, Gallimard, 1950, ch. III; traduction modifiĂ©e.. » L'Ă©crivain-CĂ©zanne, selon Vittorini ? Faire davantage le mouvement, avec le matĂ©riau intense d'une syntaxe-sensation qui compose sa propre rĂ©fĂ©rence, la gĂ©ographie d'un peuple qui manque encore dans la variation conversationnelle des voix de tout corps, une fois ayant dĂ©jouĂ© les rĂ©sidus anthropocentriques, ce qu'on appelle par habitude herbe et grillon, voyageurs et cheminĂ©es des villes futures. Alors, le vieillard Ă©lĂ©phant se prolonge dans des Erica nouvelles, c'est Rea Silva, la lĂ©gĂšre ambulante des Villes du monde qui sillonne une Sicile perçue stratigraphiquement, le lieu de passage d'une gĂ©ologie cosmique, remĂ©morante dans les foules anonymes du passĂ© - Bible, HĂ©rodote ou Mille et une nuits - les civilisations urbaines Ă venir ; ou il s'agit de l'Ă©tudiante en mobylette des pages inĂ©dites, ĂȘtre de fuite parmi un entrelacement d'allusions, de chuchotements de la jeunesse mĂ©tropolitaine comme si la lenteur sage du mouvement Ă la limite de la conversation, ne cessait de passer dans sa vitesse hors parole, quand elle se dĂ©robe aux clichĂ©s du consensus et devient une idĂ©e qui pointe dĂ©jĂ au dehors. PrĂ©cisĂ©ment lĂ oĂč duretĂ© et tendresse font le double devenir de la jeune fille et du vieux. Industrie » et didactique de l'expĂ©rimentation Tout cela, qu'on ne le croie pas sentimental ou Ă©motif, Vittorini le cherche de plus en plus du cĂŽtĂ© conjectural » d'un processus de connaissance libĂ©ration », dit-il. Le pragmaticien constructiviste se dit toujours rĂ©aliste et il appelle ses hĂ©ros des personnages de fonction. Pour nous, au sens oĂč les procĂ©dĂ©s mathĂ©matico-scientifiques, loin de renvoyer Ă des donnĂ©es formĂ©es, composent par leurs fonctions crĂ©atrices du vivant en pleine transformation, tout un matter of fact technologique qui affecte avec ses accĂ©lĂ©rations, les interactions homme-machine. ... Le monde industriel, c'est encore un monde que nous ne possĂ©dons pas et qui nous possĂšde exactement autant que le monde naturel. Il doit donc subir une transformation ultĂ©rieure qui le prive du pouvoir de nous dĂ©terminer. Or une littĂ©rature qui serait pleinement Ă la hauteur de la situation contiendrait l'exigence de ce passage ultĂ©rieur... l'Ă©crivain sera au niveau de l'industrie seulement dans la mesure oĂč son regard se sera pĂ©nĂ©trĂ© de cette exigence[[E. Vittorini, Il Menabo, n° 4, 1960, » A partir, donc, du constat de l'abolition de la diffĂ©rence entre industrie et nature, et contre les idĂ©ologies de la vieille conscience, notamment celle sacrale, humaniste de la rhĂ©torique italienne, Vittorini se jette dans l'Ă©laboration d'une pensĂ©e in progress qui oscillera toujours entre l'illusion positiviste d'une science comme nouvelle totalitĂ© » et les instances d'un marxisme critique de sa rĂ©ification inhĂ©rente. Compte ici la pratique d'une crĂ©ation artistique en tension vers un plus de connaissance non calculĂ©e Ă l'avance, qui se rapporte aux fonctions matĂ©rielles nouvelles de la pensĂ©e scientifique, afin qu'elles inspirent ses propres compositions, les purifiant de ses Ă©motions rassurantes. DĂšs lors l'approche artistique de Vittorini, de Rossellini aussi, comme d'une maniĂšre justement cĂ©rĂ©brale de Antonioni, va essayer de brancher sur nos connaissances renouvelĂ©es, une sorte de sensation vitale et non subjective de passion pour la rĂ©alitĂ© plus forte du rĂ©el, qui suggĂšre dĂ©jĂ par son hyperfonction constructivisme une politique de rĂ©sistance par le fait mĂȘme de demander des voix physiques, soient-elles atones ou aphasiques, au moins affranchies de vieilles croyances, archaĂŻsmes moraux ou Ă©lans populistes... C'est pourquoi Vittorini et Rossellini notamment, tout en Ă©tant fascinĂ©s en ce qui concerne le roman, par l'Ă©cole du regard », sa dĂ©nonciation des vieux registres sentimentaux » et l'affinement technique d'un percept qui fusionne dans la connaissance matĂ©rielle des formes, s'en dĂ©tournent comme s'ils y pressentaient le danger d'un reste de nĂ©o-naturalisme, un arrĂȘt du mouvement non plus de l'homme mais de l'imaginaire-fantasme cf. la critique faite Ă de Robbe Grillet dans Les deux tensions. Et tandis que Vittorini plonge dans son travail obscur et sans aboutissement sur l'interaction sonore, Rossellini, lui, demandant un peu moins de complaisance et de cruautĂ©, renonce au cinĂ©ma, et se lance dans son idĂ©e humble et folle Ă la fois de films pour la tĂ©lĂ©vision. RĂ©apprendre Ă nous tous, Ă©tourdis par les horreurs du siĂšcle et les conquĂȘtes technologiques, l'alphabet et le langage, suivant une didactique qui rĂ©active le terme d'information et retrace le progrĂšs des connaissances humaines, tel est le projet de Rossellini. DĂšs lors il oppose une didactique de la question Ă la pĂ©dagogie d'une vĂ©ritĂ© toute faite qui se propagerait dans le consensus de l'information-clichĂ©. Ainsi recharge »-t-il, de fait, l'anonymat et le silence de Vittorini il Ă©tait touchĂ© par la tendresse » de son questionnement en nous indiquant la voie du traitement crĂ©ateur propre Ă toute forte tentative de rĂ©alisme constructiviste ». De L'Age du fer aux Actes des ApĂŽtres, au Blaise Pascal, Ă La prise de pouvoir de Louis XIV, l'esprit du progrĂšs humain, tragique et pourtant saisi comme pensĂ©e en devenir plutĂŽt que comme histoire, est mis en scĂšne suivant une succession de tableau de conversation- rĂ©union » entre Paul et les apĂŽtres, rĂ©pliques serrĂ©es entre Louis XIV et Colbert... Ce sont des conversations irrĂ©ductibles Ă de simples dĂ©bats d'idĂ©es, oĂč les acteurs toujours un peu dĂ©collĂ©s d'eux mĂȘmes, permettent aux voix et aux arguments qui les modulent d'ĂȘtre plus physiques »[[Ce sont des mots qu'on emprunte Ă la belle analyse de Raymond Bellour, Le cinĂ©ma, au-delà », in Rossellini Cahier du CinĂ©ma, 1990, p. 82-88. Ă l'intĂ©rieur de la succession de plans lumineux et de plans d'ombre. Ceux-ci, faisant voir la dramatisation progressive, par sautes, par raccourcis des affinitĂ©s profondes qui rendent productives les interactions, permettent Ă l'idĂ©e nouvelle de surgir, imprĂ©visible Ă©mergence non pas en dehors de la conversation, mais de son propre dehors-force... Ainsi cette incarnation du processus de connaissance, l'impensĂ© vivant cachĂ© derriĂšre le quotidien socialement et historiquement donnĂ©, que Rossellini voulait nous raconter en simple didacte », passe dans la sensation suscitĂ©e. Il se fait acte artistique de fabulation comme mĂ©moire du monde, acte de perpĂ©tuer la vie, en repensant mĂȘme les fonctions scientifiques par son propre moyen une conversation fabulĂ©e. On sait d'ailleurs comment ce travail rossellinien a Ă©tĂ© une importante source d'inspiration pour la didactique de l'image de Godard. On la dira acte de lĂ©gende », acte toujours renouvelĂ© de la lutte des hommes comme oeuvres d'art, Ă condition de comprendre comme » non pas Ă la maniĂšre d'une mĂ©taphore mais d'une tension limite, faite d'impasses, d'incomprĂ©hensions, de dĂ©terminismes fĂącheux entre les oeuvres et la rĂ©sistance des hommes. Une telle logique secrĂšte est la relation Ă contre-temps du consensus de l'Ă©poque, son impensĂ© vivant qui dĂ©termine ce qu'on appelle des conduites du dehors - esquisses de plans, tentatives processuelles peu soucieuses de finalitĂ© et de compĂ©tences disciplinaires, exposition dangereuses au flou de l'indĂ©terminĂ© - dans les passages indiscernables de l'oeuvre Ă la vie, oĂč l'on apprend Ă se dĂ©faire sans douleur de soi-mĂȘme et devenir justement une relation. C'est tout au moins notre idĂ©e de Vittorini le sicilien autodidacte, suivant les Ă©tapes de sa conduite. D'abord militant, puis opĂ©rateur culturel dans la reconstruction d'aprĂšs guerre la revue Il politecnico, et dĂ©couvreur de jeunes talents chez Einaudi quand l'idĂ©e d'une maison d'Ă©dition laboratoire n'Ă©tait pas encore Ă©touffĂ©e par les techniques de marchĂ©, ensuite essayiste social libertaire plutĂŽt que libĂ©ral dans les bouleversements du miracle Ă©conomique » Il menabo' autonomie culturelle dans l'engagement, politique dans la science, recherche individuelle dans le travail d'Ă©quipe... Et toutes les fois que sa reconnaissance publique fige le problĂšme des postures sociales du dehors dans la solution de simples figures d'activisme soit-il gĂ©nĂ©reux, il y a retrait, rebondissement sur l'Ă©criture, et apprentissage des nouveaux langages avec leurs rapports inĂ©dits signifiant/signifiĂ© » cf. ses exercices d'Ă©pistĂ©mologie, d'anthropologie et de linguistique dans Les deux tensions... afin que l'acte d'une ligne syntaxique les fasse fuir loin du danger d'assimilation de la part du nouvel ordre social. Contre celui-ci non plus la Sicile offensĂ©e, Milan 1966 et pourtant... on rĂŽde encore autour d'une variation consersationnelle, et dans cette variation lĂ , on travaille et on attend, Ă savoir, on fait tout ce qu'on peut afin de prĂ©cipiter » une posture du dehors, opĂ©ra » pour le monde. So you want to write a fugue ? » DĂšs lors, on parlerait dâun tournant post-verdien qui prolongerait la virtualitĂ© de lâaccent de Vittorini, sa rythmique imprĂ©gnĂ©e des gĂ©odĂ©siques italiennes un plateau de terres rouges, arides par grandes extensions, sans arbres, brĂ»lĂ© par les vents, par le souffle du soleil et du sel, haut de terres rouges, coupoles et tours, Ă travers le dĂ©sert des hommes voyageurs ». Sans doute, sur la ligne de la mutation des seuils perceptifs, Ă lâinterfĂ©rence des diffĂ©rentes pratiques le gai savoir veut lâincompĂ©tence laborieuse, on trouverait la nouvelle polytonalitĂ© dĂ©jĂ du cĂŽtĂ© de lâĂ©cholalie dâArnaud. Puis on retrouverait, pĂȘle-mĂȘle, la subconversation amoureuse de Nathalie Sarraute, les modulations de Beckett, Bob Wilson ou Carmelo Bene, la voyance sonore dans la nouvelle image de Godard, Rivette, Rohmer, ou les voix-voyeuses » de Duras⊠autant dâexpĂ©rimentations autonomes qui prolongent cette pragmatique du non style faite de conversation et de fabulation, Ă condition que celle-ci ne cesse de transformer celle-lĂ en force arrachĂ©e aux formes consensuelles de lâĂ©change comme dĂ©bat ou aussi comme lutte » de simples opinions, la base de la conception populiste dâune dĂ©mocratie Ă lâoccidentale. Il est question ici dâessayer de rĂ©apprendre Ă Ă©couter une fugue, expĂ©rience musicale et mode de vie. Glenn Gould lâexplique trĂšs bien en conseillant de nous exercer Ă percevoir les diffĂ©rentes impressions vocales simultanĂ©es du final du Falstaff, comment tous les mots et les syllabes nây sont pas audibles, ne comptant dĂ©sormais que par les consonances et les dissonances du timbre des voix, leurs attaques, leurs chutes, leurs courbes. Car sur ces lignes contrapuntiques se rĂ©vĂšlent dĂ©jĂ les virtualitĂ©s de nouveaux vocalismes chromatiques qui libĂšrent le langage de la structure phonologique signifiante et le son, de lâempreinte du chant qui le tient ». La saisie de ces rapports de la voix et du son, changeant la perception quâon a dâhabitude du langage et de la musique, nous donnent la chance dâattraper des informations » bien plus importantes que nous nâen sommes nous-mĂȘmes convaincus. Mais alors, câest la fugue verdienne elle-mĂȘme quâon arrache aux rĂ©sidus romantiques du bel canto avec leur fusionnement trop facile dans une foule toujours lĂ . Sous cette caution astucieuse, Gould nous prĂ©sente le premier volet de ses documentaires dramatiques » ou radio contrapuntique, La trilogie de la solitude[[LâexpĂ©rimentation crĂ©atrice de Glenn Gould est trop mĂ©connue. Elle comprend dâautres documentaires et notamment des portraits- fabulĂ©s » sur deux interprĂštes, Stokowski 1970, Casals, 1973, et deux compositeurs Schoenberg the firsi hundred years, Fantasy-Documentary 1974, Richard Strauss, the bourgeois hĂ©ros 1979. Elle se prolonge aussi dans lâimage cinĂ©matographique, soit dans le rĂŽle de crĂ©ateur de bande musicale de film The wars, Nielsen Fems and Torstar que dans celui de metteur en scĂšne et interprĂšte collectif, notamment in Radio as Music 1975, Portraits de Glenn Gould, Chemins de la musique, 1974 et Glenn Gould joue Bach 1981, les deux derniers prĂ©sentĂ©s, produits et rĂ©alisĂ©s par Bruno Monsaingeon. Bruno Monsaingeon a rĂ©uni les Ă©crits gouldiens qui servent ici de rĂ©fĂ©rence Glenn Gould, Le dernier puritain, 1983, Fayard ; Contrepoint Ă la ligne, 1985 ; Non, je ne suis pas du tout un excentrique, 1986 On le remercie vivement pour nous avoir fourni les enregistrements de la Trilogie. Sur la radio contrapuntique de Gould cf. aussi G. Payzant, Glenn Gould, un homme du futur, Fayard, 1983 ; et dans Gould pluriel, Courteau, 1988, Un examen de la Trilogie Solitude » de Roberts.. Une jeune femme commence Ă parler trĂšs doucement plus nous avancions dans le Nord, plus cela devenait monotone », and the further north we went, the more monotonous il became », mais further » glisse dans le farther and farther North » plus loin, encore, dans le Nord dâune deuxiĂšme voix masculine qui raconte sa mĂ©fiance vis-Ă -vis de tous ceux qui se vantent de leurs prouesses, voyages en traĂźneau au PĂŽle Nord, par exemple ; et tout cela devient pleinement intelligible seulement aprĂšs coup, quand elle arrĂȘte de dominer le son en prononçant trente jours » pour disparaĂźtre tout de suite, une sorte de point de convergence Ă la Webern », dans une autre qui dit onze ans » en introduisant le rĂ©cit de son isolement dans la rĂ©gion, celui de la transformation de sa vie. Quitte Ă ce que la premiĂšre voix revienne par un croisement du genre tapisserie auditive » ⊠et je pensais que je faisais presque partie de ce pays, partie de cet environnement paisible et jâespĂ©rais que cela ne finirait jamais ». Il nây a que des textures vocales Ă dĂ©couvrir, elles se font compagnie », embarquĂ©es dans un train trĂšs peu vittorinien Ă vrai dire, dont la rumeur en basse continue Ă©voque â murmure de neige et ours polaires â le dĂ©part de Winnipeg pour Fort Churchill au Canada câest le prologue en trio de The Idea of north. Glenn Gould produit sa radio quand il arrive au parachĂšvement de son plan pour lâabolition des applaudissements et des manifestations de toute espĂšce ». Loin de lâarĂšne des concerts, oĂč le rapport artiste public ne relevait plus pour ce surdouĂ© du piano que de la complaisance et de la reconnaissance voyeuriste, le studio dâenregistrement lui avait dĂ©jĂ permis de recrĂ©er les oeuvres de ses musiciens prĂ©fĂ©rĂ©s par les technologies les plus avancĂ©es de montage, mixage et encadrement acoustique. Ce sont les auteurs fin de siĂšcle » qui avaient brassĂ© par leur pluristylisme les figures utiles seulement pour les dĂ©bats acadĂ©miciens suivant une Ă©volution prĂ©tendue telle du systĂšme modal au tonal et Ă la musique atonale Orlando Gibbons, entre lâanonymat homophonique de la prĂ©-renaissance et la nouvelle subjectivitĂ© harmonique baroque, Schoenberg entre la sĂ©rie et un retour Ă une sorte de pseudo-tonalitĂ© ; et toujours Bach le fuguiste, Ă une Ă©poque oĂč cet art Ă©tait dĂ©sormais bien dĂ©raisonnable, Bach la pensĂ©e-musique qui vanifia les dogmes artistiques, les questions de goĂ»t et la frivolitĂ© des prĂ©occupations esthĂ©tiques. PrĂ©cisĂ©ment ces compositeurs, tous Ă©galement indiffĂ©rents vis-Ă -vis de la sonoritĂ© particuliĂšre de lâinstrument-interprĂšte, historiquement conventionnel, Ă la recherche dâune stimulation pour une oreille interne active, capable de se greffer sur des matĂ©rialisations sonores en forme hyperstructurĂ©e, entraĂźnent lâĂ©laboration gouldienne de la participation et de la responsabilitĂ© multiple dans lâexpĂ©rimentation Ă©lectronique. Il sâagit dâarriver Ă combiner, en les dĂ©passant, les fonctions spĂ©cifiques du compositeur, de lâinterprĂšte et du consommateur, qui pourra se transformer lui aussi en manipulateur expĂ©rimentĂ©, non seulement de cadrans et boutons, mais davantage des filtres, des vitesses et des hauteurs, des modulateurs, Ă partir de son propre travail sur lâexpĂ©rience acoustique quotidienne⊠On sait, Ă ce propos, combien le goĂ»t de Gould est loin de lâalĂ©a » de John Cage pourtant les deux se retrouvent ensemble Ă la pointe de cette conduite du dehors consistant Ă sâembarquer dans une exploration de la densitĂ© sonore, de la tessiture timbrique de lâenvironnement quotidien. LĂ oĂč lâon saisit pragmatiquement mĂȘme les cadences des Ă©noncĂ©s humains dĂ©barrassĂ©s de tout sujet dâĂ©nonciation lĂ©gifĂ©rant. Ainsi, tous les deux se tournent vers la conversation, comme en y prĂ©sentant un au-delĂ ou en-deçà de lâidĂ©e commune de musique qui les entraĂźne hors de leur art » Cage dans la conversation-processus du happening la situation de cirque », oĂč lâon ne communique aucune reconnaissance, oĂč lâon nâinforme pas sur des objets, bien quâon rentre dans les sons et dans le souffle-silence, câest-Ă -dire dans la cessation de texture comme autre son et bruit de la danse ; et Gould dans la conversation-fugue de sa radio. On le dit le dernier puritain », il rĂ©torque que oui, il est bien le tenant dâune tradition de siĂšcles de lĂ©gislation contrapuntique, mais pour pouvoir en faire ressortir la puissance non historique dĂ©jĂ lĂ dans les Cris de Paris de ClĂ©ment Janequin, les Cris de Londres de Weekles et Gibbons. Câest toute une structure mentale composĂ©e de rapports dâaffirmation, de rĂ©ponse, de dĂ©fi et de riposte, dâappel et dâĂ©cho, qui concernent le secret des lieux immobiles dĂ©tenant la clef de la destinĂ©e des hommes ». En effet, ces procĂ©dĂ©s fuguĂ©s du sujet » et de la rĂ©ponse, la conversation entre basse, alto, tĂ©nor, soprano, Ă©taient formulĂ©s depuis le dĂ©but de la Renaissance, donc bien avant la mise en place de la grammaire tonale de tension et de dĂ©tente qui, par ses effets de contrastes rĂ©glĂ©s, les rĂ©duira Ă une dimension dâĂ©quilibre et de pesanteur Les contrapuntistes de la Renaissance ont Ă©tĂ© les premiers hommes pratiques en tant que compositeurs Ă reconnaĂźtre quâil Ă©tait possible, faisable et rĂ©aliste de croire lâoreille susceptible de saisir plusieurs rapports simultanĂ©s, de suivre leurs divers cheminements et dâĂȘtre Ă©galement mobilisĂ©e par eux tous⊠Ils comprirent quâon pouvait transformer en musique cette compote environnante qui aujourdâhui peut-ĂȘtre pour la premiĂšre fois est en train de devenir â musique â. » Si donc Gould sâintĂ©resse Ă lâavenir incertain de lâart de la fugue comme rĂ©alisation musicale, Hindemith dans notre prĂ©sent post-tonal, câest surtout pour y dĂ©celer le symptĂŽme dâune densitĂ© venant dâailleurs, le devenir dâun mouvement incessant irrĂ©ductible aux systĂšmes quâil traverse. On Ă©numĂ©rera avec Gould ses principales caractĂ©ristiques dissonances modulatoires propulsives en rapport indĂ©cidable avec le thĂšme Ă la limite du tempĂ©rament, disposition de grands Ă©tages harmoniques de modulation sans critĂšre de dĂ©veloppement fixe, leur insoumission aussi Ă la lĂ©gislation catĂ©gorique masculin-fĂ©minin de la tonique et de la dominante propre Ă la symphonie classique, concentration inachevĂ©e des airs sur un matĂ©riel furtif, Ă lâaide de fragments mĂ©lodiques changeants bien quâĂ densitĂ© continue, variĂ©tĂ© des textures productrice aussi de la prĂ©gnance du silence des voix âŠ[[Gould, La musique de ProtĂ©e ou quelques observations sur le caractĂšre âsubjectif â de la forme fuguĂ©e » in Contrepoint Ă la ligne, cit., Gould a composĂ© aussi une fugue canonique » dont il a Ă©crit Ă la fois la musique et les paroles, So vou want to write a fugue CBS, 1977. Il en parle Ă Monsaingeon dans lâun de leurs films de 1974 comme dâun morceau en mouvement Je suis parti des fonctions historiques de la fugue, je les dĂ©monte et puis les dĂ©molis⊠Les bons thĂšmes comportent un contre-sujet. Celui-ci avait pour mots Never be clever for the sake of being clever⊠A la fin de la fugue il reste un peu de contrepoint, mais il sâĂ©puise de lui mĂȘme. Il y a dans tout cela du En attendant Godot ». Cf. Payzant, Gould, un homme du futur, cit. LâĂ©vocation du théùtre de Beckett qui fascinait Gould pour son utilisation intĂ©grĂ©e du silence nâest certes pas gratuite. Monsaingeon rappelle comment les derniĂšres annĂ©es Gould envisageait de se consacrer Ă une oeuvre littĂ©raire Ă venir » que ses Ă©crits philosophiques, fictionnels et critiques ne faisaient quâannoncer.. Ces composantes syntaxe rendent Ă la fugue son sens de variation constante, encore quâil sâagisse dâun type de variation particuliĂšrement nomade », et pour cela mĂȘme la tendent vers son dehors qui seul la justifie, cette structure mentale pas du tout dĂ©sincarnĂ©e, parce que toujours questionnante la compote » de lâenvironnement quotidien qui fait la rumeur de la vie des interactions humaines, chansons, bruits, et cris⊠La structure mentale fuguiste se rĂ©active ainsi naturellement » dans lâenregistrement qui seul est Ă mĂȘme de notre rumeur quotidienne de plus en plus Ă©lectronique. DĂšs lors, Gould conjugue lâascĂšse du voyage sur place Ă la vitesse de la technĂš qui va lui permettre dâattraper la puissance dâaccĂ©lĂ©ration et de ralentissement matĂ©rielle sonore. Il se penche Ă lâĂ©coute de tout filtrage de la musique de fond ordinaire, Ă©mission tĂ©lĂ©, pub, cinĂ©ma, et il y dĂ©couvre les rĂ©sidus des clichĂ©s de plusieurs idiomes savants, employĂ©s jusquâĂ lâatonalitĂ© mĂȘme de certaines sciences-fictions, sâinsinuer en prĂ©sence sonore superposĂ©s aux banalitĂ©s conversationnelles de nos existences. Comme si nous ne cessions de parcourir lâexpĂ©rience associative directe de tout le vocabulaire accumulĂ© depuis la renaissance, ses maniĂ©rismes, ses conventions, ses occurrences statistiquement plus frĂ©quentes. Câest ainsi, indĂ©pendamment de notre compĂ©tence consciente », mais on ne pourra plus produire rien de nouveau sinon en ayant affinĂ© les sensibilitĂ©s Ă partir de cet acquis acoustique. Et si les sons comme les voix continuent Ă nous bombarder dans une seule et mĂȘme interaction hertzienne, dâaprĂšs la banniĂšre du gigantesque clichĂ© que la transmission simultanĂ©e, le direct des mĂ©dias actionnent en redondance de contrĂŽle, lâenregistrement gouldien, lui, se dĂ©finit comme une action Ă distance, dĂ©tournant le brouillage et la rumeur de sa production. Il rejette Ă lâarriĂšre plan la reconnaissance des clichĂ©s langagiers et musicaux et il sâen sert Ă la maniĂšre dâun cadrage dans sa composition qui transforme leur temps historique en une topographie, une gĂ©ographie de la relation oĂč les voix, les sons, la musique de fond machinent » un seul et mĂȘme continuum sĂ©miotique de pensĂ©e, dâaction et de mouvement. Le relief le plus acĂ©rĂ© du rĂ©el dĂ©tourne ainsi cette vitesse sĂ©miotique qui est notre religio » contemporaine, vers lâappel dâune vocation plus haute », the Idea. Syntaxe Ă©lectronique ethnie nordique Et lâon reprend Ă Ă©couter. Une infirmiĂšre, un gĂ©ographe sociologue, un anthropologue, un bureaucrate nous informent dans un anglais canadien courant de leur diffĂ©rentes expĂ©riences directes du Nord, et de leur attitudes, lâenthousiaste, la cynique, la tourmentĂ©e et la dĂ©sillusionnĂ©e, suivant des voix enregistrĂ©es sĂ©parĂ©ment. Pourtant, par le traitement sur la bande de certains rĂ©sidus des diffĂ©rents monologues qui subissent le filtrage dâune chambre sonore unique, ces voix se dĂ©tachent de la basse continue du train, et sâengagent dans la plus mentale des conversations. Elle nous fait sentir moins le message que son effet dâexpansion dâair sonore qui entraĂźne les voix par des bifurcations, des dĂ©tachements, des isolements dans la contiguĂŻtĂ© du contrepoint, oĂč chaque rĂ©plique sert de tremplin Ă lâautre, y recueillant les brins qui lui plaisent pour attraper son idĂ©e. On dĂ©rive dâune conversation Ă lâautre, on y participe vraiment en serveur de wagon-restaurant » qui peut se faire, lui aussi, juste une idĂ©e sur la nuit obscure de lâĂąme humaine » ou la fabulation de la Fugue vers Le Grand Nord. Ce quâune cinquiĂšme voix, idĂ©aliste et pragmatique, enthousiaste et sans illusion, contenant Ă la fois toutes les autres, fait monter dans une sorte de tonalitĂ© sereine qui vire au gris atone des cieux canadiens. Il ne sâagit pas du tout dâun sujet Narrateur, plutĂŽt de la nouvelle basse comme fondu » nĂ©cessaire Ă cette radio encore en monophonie 1966 pour quâelle rende la structure intĂ©grĂ©e de la densitĂ© dâun bloc sonore. Elle devient ainsi un simple air mĂ©lodique, une ligne de conversation dĂ©sormais libĂ©rĂ©e du vĂ©cu des scories des opinions personnelles ; elle est transformĂ©e en paysage » qui entre dans le contrepoint, non plus dâautres voix humaines mais du dernier mouvement de la cinquiĂšme symphonie de Sibelius. Celle-ci, complĂštement manipulĂ©e dans lâenregistrement, est devenue Ă son tour une rĂ©pĂ©tition productive, un simple rythme, personnage rythmique ». La musique et la voix humaine se tendent donc rĂ©ciproquement et les deux entrouvrent leur thĂšme entre voix et son, dans une sorte de conversation cosmique qui rend indĂ©cidables les personnages et les paysages, les rythmes et les mĂ©lodies, un seul bloc Ă mĂȘme la sensation du territoire nordique il serait intĂ©ressant, Ă cet Ă©gard, dâapprofondir le projet dâune telle entreprise avec les manipulations radiophoniques qui sâouvrent Ă la connexion avec le cosmos de Stockausen, dans Spirale ou PolelExpo ; mĂ©taphore de la condition solitaire », dit Gould suivant une façon de parler que sa pratique fait nĂ©anmoins exploser en fabulation dâun processus dâanonymat crĂ©ateur, qui est dĂ©jĂ en soi-mĂȘme une Ă©cologie de lâesprit. Comment habitera-t-on en poĂšte » le territoire ? ⊠Peut-ĂȘtre les Esquimaux, ou les Terre-neuviens, the Latecomers, ces bardes retardataires en train de converser sobrement sur leur vie de village, lâanarchie de leur collectivitĂ© insulaire, dâoĂč Gould extrait une cadence vigoureuse, une Ă©lĂ©gance mĂ©trique qui se transforme en motif contrapuntique par rapport au continuo hypnotique des diffĂ©rentes sonoritĂ©s du bruit des vagues. En revenant sur ses Ă©missions, Gould tenait Ă souligner comment lâeffet des dialogues et des trios de The latecomers lui paraissait moins dramatique que dans le North, Ă cause de lâusage de cette technique du fondu, qui avait Ă©tĂ© si importante en monophonie, mais qui se relativise dans les entrecroisements droite/gauche, les simultanĂ©itĂ©s sonores et les rapports inĂ©dits entre lâĂ©chelle du temps et la voix propres Ă la stĂ©rĂ©ophonie mĂȘme la quadriphonie ne devrait faire, dâaprĂšs lui, quâaccentuer cela au lieu dâĂȘtre traitĂ©e comme surcharge dâambiance ; si bien que la fonction dâun narrateur, nĂ©cessaire en mono comme simple Ă©quivalence de fondu, risque en stĂ©rĂ©o de sâattribuer une fĂącheuse allure de sujet dâĂ©nonciation porteur dâun jugement et interprĂšte des faits relatĂ©s⊠DĂšs lors quâon peut sĂ©parer les personnages en les plaçant en avant ou en arriĂšre-plan, Ă gauche ou Ă droite, ou dans le temps, le silence devient un stimulus singuliĂšrement puissant » Or, celui-ci, indĂ©pendamment de lâautocritique gouldienne, superpose dĂ©jĂ , dans la sĂ©quence finale au moins, son mouvement propre Ă celui du ressac de la mer, et explore, autonome, la densitĂ© intensive du nouveau volume sonore, sans souci de proportion avec la durĂ©e du son. On le sent » fonctionner comme contrepoint des conversations terre-neuviennes, dĂ©sormais Ă©cholaliques grĂące au filtrage, car câest le silence seul qui inspire la voix de Leslie Harris, transformĂ© de narrateur en simple personnage de fonction. Ainsi, dans le cadre sonore, il peut se dĂ©placer, se heurter avec toutes les autres voix et y soutirer lâidĂ©e/thĂšme, les traversant toutes lâen-deçà et lâau-delĂ des diffĂ©rentes conversations Ă propos des traditions de lâĂźle, du prix Ă payer pour le non-conformisme⊠Une idĂ©e/thĂšme, ou la question de quâest-ce que serait la composition dâun groupe original dans un milieu culturel de plus en plus coercitif. Leslie Harris disparaĂźt, devient vague, le cadre sonore est envahi, ses vitesses se composent en infinie lenteur rythmique qui fait voir autant quâĂ©couter le mode de vie terre-neuvien comme territoire Les gens sont bĂ©ats Ă lâidĂ©e de rejoindre le courant. Je trouve cela assez absurde, car le courant me semble, Ă moi du moins, plutĂŽt fangeux. Et le procĂ©dĂ© se rĂ©pĂšte une derniĂšre fois, tout en en se raffinant, dans la piĂšce The quiet in the land 1977 qui, elle aussi, semblerait se prĂ©occuper davantage de nous informer, de nous documenter sur le mode de vie des Mennonites de Red River au Manitoba, leur tension entre lâidĂ©al de rester en contact avec le monde tout en conservant ses distances et le repliement exclusif sur la quĂȘte de leur foi. NĂ©anmoins le message y est si Ă©purĂ© par le contrepoint asignifiant des rumeurs des voitures et des cloches, des jeux dâenfants et du chĆur religieux, dâune chanson rauque de Janis Joplin et de la Suite numĂ©ro cinq pour violoncelle de Bach emploi perfectionnĂ© des prises de son multiples, filtrage par modulateurs temporels, que cette radio de la vitesse mentale gouldienne intensifie la charge informative de lâĂ©mission et le principe moral mennonite comme mot dâordre, les ouvre vers une sonoritĂ© affective et perceptive pure qui est aussi une image Ă construire on a remarquĂ© Ă juste titre la composition cinĂ©matographique des programmes gouldiens. Gould parle de la manipulation sonore comme dâune tricherie crĂ©atrice. Câest son idĂ©e de didactique rĂ©aliste », car lâimage fonctionne seulement si la technique dâĂ©coute transforme la production pour en faire son propre usage. On peut sây exercer facilement, mais la rĂ©ussite dĂ©pend de la plus stricte des conduites de la part de lâauteur, des voix des personnages et de lâauditeur mĂȘme devenir autant de singularitĂ© et de positions sur la ligne relationnelle qui, elle seule, peut rendre sensibles les nouveaux chromatismes signifiants et les nouveaux percepts signifiĂ©s ». Relation en acte image mentale On retrouve toujours le paradoxe de la conversation fabulĂ©e que les compositeurs rĂ©alistes » savent crĂ©er techniquement, bien quâindiffĂ©rents aux genres artistiques, tous, musiciens, Ă©crivains, cinĂ©astes ou peintres attirĂ©s par cette matiĂšre non linguistiquement formĂ©e â continuum sonore et visuel des mouvements de vie â que le contrepoint conversationnel recĂšle comme dehors de chaque technique. Ils nous demandent de poursuivre lâaffaire, rentrer dans une image physique en acte, tantĂŽt sonore pour y saisir la kinĂ©sie visuelle Ă©criture et musique, tantĂŽt visuelle pour y saisir la modulation sonore quâest-ce que le tableau La conversation de Matisse ?, tantĂŽt les deux cinĂ©ma ; dedans, les personnages se refusent Ă lâinterprĂ©tation en termes de sujet ou dâobjet de reconnaissance ; ce sont des fonctions Ă la maniĂšre de Vittorini, des fonctions rythmiques toujours en prise sur des motifs territoriaux, ou bien des personnages conceptuels plus encore que des figures » esthĂ©tiques comme dit Deleuze, tellement Gould parle dâun devenir philosophe par le voyage au Nord, vĂ©ritable territoire absolu de la pensĂ©e â ils tĂ©moignent dâun processus de connaissance incertain, notre impensĂ© vivant contemporain, structure mentale rigoureuse car problĂ©matique, mais sans didascalie organisatrice Leslie Harris est composĂ© par les mille six cents collures nĂ©cessaires Ă rendre fluide les conversations enregistrĂ©es de son double » existant â une voix fluide », Ă savoir en constante variation sonore, au-delĂ des signifiances et des signifiĂ©s Ă©noncĂ©s, et hors prise de lâincommunicabilitĂ© plaintive qui nâest rien dâautre que le ratĂ© nĂ©cessaire Ă la forme dâun message, Ă la subjectivitĂ© des personnes impliquĂ©es. On sort du petit cĂŽtĂ© de lâinteraction quotidienne qui fait son mauvais cinĂ©ma, Ă savoir la reprĂ©sentation organique consensuelle, et lâon dĂ©samorce la grande peur collective de lâopinion comme mot dâordre, dans la nouvelle conversation contrapuntique bonne Ă nous dire la seule chose dont on ait besoin aujourdâhui, lâisolement dâun acte de crĂ©ation », aussi discret soit-il. On sâisole, câest-Ă -dire on sâĂ©gale Ă la relation productrice, au sens oĂč Glenn Gould est dĂ©jĂ la polypersonne cf. la verve humoristique de la ScĂšne, virulente dĂ©nonciation radio du concept de compĂ©tition, physique, cĂ©rĂ©brale, contre le temps et la mort mĂȘme. Elle se rĂ©fracte dans le matĂ©riau Ă©lectronique, en faisant surgir lâexigence dâune autre teneur dâexistence. Quand les voix sont dĂ©sormais indiscernables de la rĂ©alitĂ© de territoires comme cartes de passage », beaucoup plus que des fantasmes dâidentitĂ©s distinctives Ă organiser. Alors on y est, dans lâimage mentale de la voix-off, câest le dehors sub-externe » Artaud plus profond de toute intĂ©rioritĂ©, lâisolement du North, la population sicilienne. Leslie Harris fait un clin dâĆil Ă Silvestro Grand Lombard, sans prĂ©supposĂ©s, sans sous-entendus. Un clin dâĆil-mot de passe, on ne peut en dire plus, on risque le clichĂ© contre quoi tous les deux se battent, au rythme dâune solitude qui demande le ferment collectif et vice et versa. On nâest plus simplement dans la radio » ou le roman. La psalmodie de lâ ehm » de Liborio Ă la limite dâun agir diffĂ©rent, sert de contrepoint Ă lâĂ©puisement du bruit Ă©merveillĂ© des vagues nordiques, les matĂ©riaux langagiers et sonores, par leurs syntaxes, tendent la rĂ©pĂ©tition de la vanitĂ© des conversations des hommes vers le silence, et ils en sauvent ainsi lâinformel vivant on est des habitudes, de la mĂ©moire oublieuse, de la finitude ; ils composent un seul et mĂȘme bloc dâespace/temps de vision, et ils continuent Ă empoigner », coup sur coup, â Sud, Vieille Europe ou Terre Neuve mode dâemploi de lâĆuvre » â la souffrance contingente des mots dâordre qui asservissent nos pratiques dans lâopinion. Vittorini et Glenn Gould, aux deux bouts de notre quotidien contemporain on pourrait, certes, remarquer leur incompatibilitĂ©. Et continuer Ă en critiquer les dĂ©marches respectives, cela a Ă©tĂ© fait, discutĂ© et communiquĂ©. Mais les gĂ©nĂ©ralitĂ©s des dĂ©bats et des discussions savantes qui ramĂšnent lâun aux impasses dâun volontarisme populaire, lâautre Ă la quĂȘte dâune mystique sans corps, se dĂ©roulent trop souvent dâaprĂšs lâidĂ©e dâune conversation rĂ©flexive comme Ă©change rentable dâidĂ©es, avec les prĂ©supposĂ©s, les conflits, les persuasions qui renvoient Ă lâaffirmation blasĂ©e des certitudes personnelles. Juste Ă cela Gould et Vittorini ont toujours su Ă©chapper, affairĂ©s plutĂŽt dans la construction dâune autre idĂ©e de conversation-limite sur le fil de la matĂ©rialitĂ© du rĂ©el, la relation Ă vivre comme unique abri une vitesse de joie, lâincommunication est une politique. Ils se rencontrent, fuguistes nĂ©s, suivant lâart de la tension intramusicale, physique et mentale, voix et son, Ă©criture et modulateurs, qui passe toujours dans des conditions et sprechgesĂ€nge secrĂštes », en acte. LâĆuvre rebondit, lâauteur devient ombre parmi dâautres silhouettes inaperçues ; elles traversent ensemble le monde des possibilitĂ©s humaines, et telles insistent ; obstinĂ©es et irrĂ©cupĂ©rables par le MarchĂ© du prĂ©sent. Passerone Giorgio Chercheur Ă l'UniversitĂ© philosophique europĂ©enne, est le traducteur en italien de Mille plateaux.
Ledivan Hall Halla Moi j'ai pas A la bien Comme une bouteille à la mer Mélancolique anonyme - Featuring Diam's - Pas de vidéo clip Interlude Soprano et Mino - Pas de vidéo clip Tant que Dieu - Featuring Mino - Pas de vidéo clip M.A.R.S. - Featuring Mino - Pas de vidéo clip La famille - Featuring Léa - Pas de vidéo clip Welcome - Featuring Psy4 De La Rime - Pas de vidéo
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Jeregardais la video "comme une bouteille à la mer" en live,le clip "moi j'ai pas" et presque tout ce qu'il faisait avec les psy4delarime qui était super à l'époque Si on suit ses titres
Paroles Encore une prise de bec avec ma mĂšre J'fais le sourd, claque la porte Pour oublier j'ricane avec mes potes en tapissant un block Le visage plongĂ© dans les Ă©toiles, noyĂ© dans ma gamberge J'cherche une Ăźle, une berge, ou au moins un bout d'bois J'me sens, comme une bouteille Ă la mer J'vais oĂč l'flot de la vie m'mĂšne Loin de tout, mĂȘme de ma mĂšre La vie m'a offert la solitude de Robinson J'voudrais repeindre ma vie, mais je n'trouve pas le bon pinceau Certains ont fait le grand saut, mariĂ©s, des enfants Nous lĂąchent leurs discours de rĂ©ussite, leur vie est mieux qu'avant C'est ce qu'ils nous disent J'vois d'la lassitude dans leur regard Mais eux au moins ont essayĂ© d'sortir de leur brancard Moi, j'ai l'impression d'avoir ratĂ© des tas de trains Pourtant je n'ai jamais quittĂ© l'quai La preuve, les jeunes me squattent, ça craint Le temps a soufflĂ© sur ma vingt-cinquiĂšme bougie J'en suis mĂȘme pas sĂ»r J'suis toujours dans le mĂȘme logis, dans la mĂȘme logique Le piano des Feux de l'Amour pour m'rĂ©veiller La petite sĆur pour m'faire Ă grailler Brailler, j'l'ai fait pour un rien Pour m'calmer j'rappe, d'autres roulent VoilĂ nos deux moyens aĂ©riens, une femme Des fois j'me dis que c'est la plus grosse arnaque d'la vie d'un homme Certains disent qu'une d'elles viendra un jour Ă©clairer mon ombre J'espĂšre le voir d'cet angle Pour l'instant les couteaux qu'j'ai sur mes omoplates ont des traces de rouge Ă ongle Mais bon, la vie faut la vivre, donc j'la vis Fuis les vitres brisĂ©es d'mon existence Continue, navigue, mĂȘme dans l'vide J'vire Ă tribord, prends la fuite, Ă travers mes lignes, te dĂ©cris mes rides Me construis un mythe, oblige, j'sens qu'mon pouls ralentit Faut qu'j'laisse une trace d'un mec honnĂȘte ou d'un gros bandit Rien Ă foutre, faut qu'j'prouve que j'ai Ă©tĂ© vivant Si tu penses que j'dois voir un psy, dis-toi qu'j'n'ai qu'le rap comme divan M'man, la marrĂ©e est haute, et j'me laisse emporter par les vagues Elles sont trop fortes, j'voudrais t'dire que j't'aime mais j'ai trop le trac Marque mon front de ton sourire S'il te plaĂźt, oublie toutes les fois oĂč j't'ai fait souffrir J'sais qu'l'effort est une force que j'maĂźtrise peu Et j'sais aussi qu'c'est le parapluie qu'il faut Quand sur tes joues il pleut Mais dans ma tĂȘte j'entends des coups de flingue incessants Un braconnier a laissĂ© des plumes de colombe, plein de sang J'voulais apprendre Ă donner, j'ai appris Ă tout manger Apprendre Ă pardonner, j'ai appris Ă me venger J'voulais apprendre Ă aimer, j'ai appris Ă haĂŻr J'ne voulais pas ramer, j'l'ai fait, avec un gros navire J'ai voulu Ă©viter la pluie, j'l'ai affrontĂ© en t-shirt J'la voulais pour la vie, j'ne l'ai eu que pour un flirt J'me sens, comme une bouteille Ă la mer NoyĂ© dans les vagues de la mĂ©lancolie d'la vie Comme une bouteille Ă la mer, j'me sens Comme une bouteille Ă la mer, comme une bouteille Ă la mer Comme une bouteille Ă la mer, j'me sens Comme une bouteille Ă la mer, j'me sens Comme une bouteille Ă la mer, j'me sens Comme une bouteille Ă la mer, j'me sens Comme une bouteille Ă la mer, j'me sens Comme une bouteille Ă la mer, j'me sens Comme une bouteille Ă la mer, j'me sens Comme une bouteille Ă la mer, j'me sens Comme une bouteille Ă la mer, j'me sens J'me sens comme une bouteille Ă la mer, Comme une bouteille Ă la mer Rachid Ait Baar, SaĂŻd M'Roumbaba Kobalt Music Publishing Ltd.
- áŹáŃ ĐłĐ»ÎžĐż ŃÎżŐźÎčζ
- ΠΞлÖ
ĐŽŃŐĄŃ ÖĐœĐŸŃĐČÏÎČаն
Jai dĂ©placĂ© des tas de montagnes. Avec la force de mes vĆux. Aujourdâhui, je connais ma diffĂ©rence. Et c'est une chance. [Refrain] Car je cours Ă contre-courant. Vers ce qui me maintient en vie. Cette libertĂ© dâĂȘtre qui je suis. Oui, je cours Ă contre-courant.
Jne l'ai eue que pour un flirt. J'me sens comme un bouteille Ă la mer. NoyĂ© dans les vagues de la mĂ©lancolie d'la vie. Comme une bouteille Ă la mer. J'me sens comme une bouteille Ă la mer (x12) SOS. Comme une bouteille Ă la mer Ă la recherche d'un navire. Qu'on puisse me repĂȘcher et lire c'qu'il y a dans mon coeur.
Commeon laisse une derniĂšre lettre prĂšs dâune boite de Prozac vide Ăa a Ă©tĂ© trĂšs difficile pour moi de venir ici Dâaccepter ma dĂ©pendance Ă la mĂ©lancolie Le dĂ©clic a Ă©tĂ© de voir ma mĂšre Recracher en larme tous ce quâelle a bu de mes bouteilles Ă la mer Je mâen veux de la voir si triste Alors quâelle nâa jamais Ă©tĂ© la lame de mes cicatrices Ni personne de ma famille
PrĂ©cĂ©dent25 262728 29 Suivant Danzin en Concert. Concert, Repas - DĂ©gustation CHATELUS LE MARCHEIX 23430 Le 29/08/2022 Danzin, c'est une voix habitĂ©e et mĂ©lodique, une Ă©criture poĂ©tique et ciselĂ©e (dans la lignĂ©e des Leprest, Nougaro, Ferrer), des mĂ©lodies gĂ©nĂ©reuses que l'on retient et qu'on entonne en chĆur naturellement.
J'me Sens, Comme Une Bouteille Ă La Mer âȘ âȘ NoyĂ© Dans Les Vagues De La MĂ©lancolie D'la Vie âȘ sopranoroubaiix sopranoroubaiix _____ VlĂ Ă Quelque Passages d'une de mes musique PrĂ©fĂ©rĂ© de S0prĂ Ă no :: Comme Une Bouteille Ă Ă la mer _____
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paroles,clips,photo s:sopranoâ„ anis98-soprano6kif. Description : â â oĂč le groupe s'offre Ă la fois le sample et la chanteuse du groupe espagnol Mecano, des textes plus personnels, "Comme Une Bouteille A La Mer", solo poignant de Soprano oĂč le rappeur revient sur sa relation avec sa mĂšre. Ils auront amenĂ© la rĂ©vĂ©lation de Soprano, rappeur trĂšs prolifique
Jme sens comme une bouteille Ă la mer, J'vais ou l'flot d'la vie me mĂšne loin d'tout mĂȘme de ma mĂšre, La vie m'a offert la solitude de robinson J'voudrais repeindre ma vie mais j'ne trouve pas l'bon pinceau Certain on fait l'grand saut, marier, des enfants Nous lĂąche leur discours d'rĂ©ussite leur vie est mieux qu'avant
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